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Auteur acadien

Crédit photo: L’Acadie Nouvelle

Depuis 1995, le 23 avril, l’UNESCO souligne la Journée mondiale du livre et du droit d’auteur. On a choisi cette date symbolique car elle marque le décès des écrivains William Shakespeare, Miguel de Cervantes et Inca Garcilaso de la Vega, en 1616. Ce jour est une célébration visant à promouvoir le plaisir des livres et de la lecture. À cette occasion, nous vous invitons à découvrir un écrivain acadien prolifique mais trop mal connu, Jules Boudreau, par la plume de Philippe Basque.

Une région qui met le livre à l’honneur

En Atlantique, nous avons plusieurs maisons d’édition qui publient nos auteurs : Les Éditions de la Francophonie, les Éditions La Grande Marée, les Éditions Perce-Neige, les Éditions Bouton d’or Acadie, la Morue Verte aux Îles de la Madeleine et pour St-Pierre et Miquelon, Les Éditions Mon autre France.

Parmi les auteurs natifs de notre région, on trouve Jules Boudreau. Dramaturge et auteur acadien bien connu, au fil des ans, il a publié de nombreux livres. Nous lui avons rendu visite pour jaser de son parcours et de sa passion pour les livres.

Le goût des mots

Natif de Maisonnette, Jules se souvient avoir toujours été lecteur et aimer lire. Chez ses parents, dans les années 1940, il y avait très peu de livres. Qu’à cela ne tienne, il pouvait les lire et relire et relire!

Il y avait une Histoire Sainte, un livre sur la religion intitulé Vivre et un troisième que sa mère avait depuis son enfance : L’enfant perdu et retrouvé ou Pierre Cholet (de l’abbé Groult, NDLR). Puis, vers l’âge de 10 ans, son père lui achète L’Encyclopédie de la jeunesse. Là-dedans, on retrouve des extraits d’écrivains français comme Alphonse Daudet, Charles Nodier, Leconte de Lisle ou Jean Richepin. Jules dévore ces pages.

Ensuite, il poursuit ses études à l’Université du Sacré-Cœur à Bathurst où il découvre d’autres écrivains comme William Shakespeare, Victor Hugo, Alfred de Vigny et Alfred de Musset. À l’université, Jules raconte qu’il y a bien des livres que les étudiants n’avaient pas le droit de lire, car ils étaient à l’Index. Les ouvrages de Voltaire par exemple. On n’approchait pas non plus Rimbaud ni Baudelaire.

Les débuts d’un dramaturge

Jules ne prend la plume que dans les années 1970 à la demande d’un ami de retour à Maisonnette après un séjour à Montréal. À cette époque, une troupe de théâtre amateur est montée dans le village qui a pour nom « Les Elouèzes ». (Une autre façon d’écrire le mot acadien “éloize”. NDLR)

L’ami demande à Jules s’il est intéressé à leur écrire une pièce de théâtre. Jules écrit L’Agence Beloeil, une comédie policière pour quatre comédiens. Après la présentation de la pièce, Jules à la piqûre de l’écriture et commence une période faste de rédaction théâtrale. Sa deuxième pièce est La Bringue, une pièce pour onze comédiens ! La troupe fait même une petite tournée dans la Péninsule acadienne.

Du théâtre à la comédie musicale

Lors d’une présentation de La Bringue, Calixte Duguay est présent dans la salle et aime la production. Il approche Jules pour qu’il rédige des textes pour une comédie musicale qu’il prépare concernant un événement historique s’étant déroulé en 1875 à Caraquet. (Vous voulez en savoir plus, c’est ICI, NDLR) C’est le début de leur collaboration à l’écriture de Louis Mailloux.

Auteur acadien

À l’époque, Calixte habite au Québec et Jules à Maisonnette. Il n’y a pas internet pour envoyer des documents même pas des fichiers MP3. Ils doivent échanger leur travail par la poste. Calixte enregistre des extraits de musique sur cassettes et Jules rédige les textes sur des feuilles ! La comédie-musicale est présentée pour la première fois en 1975 à la Polyvalente Louis-Mailloux à Caraquet avec Jean-Claude Doiron dans le rôle de Louis Mailloux.

Une période prolifique

Après le succès de Louis Mailloux, Jules décide d’écrire une pièce à partir de la Déportation des Acadiens. Sa pièce Cochu et le soleil raconte le périple d’un groupe d’Acadiens de la fin du 18e siècle qui se rend à Caraquet pour s’y établir. Sa pièce est produite en 1977 et est publiée l’année suivante aux Éditions d’Acadie.

Au cours des années 1980 et 1990, il écrit bien d’autres pièces comme Louise et le soldat, Les Bessons, La Reine Horse, Images de notre enfance, Poker électrique, Des amis pas pareil et Requiem pour Florian. Certaines de ses pièces sont d’ailleurs enregistrées pour le réseau national de Radio-Canada.

Du théâtre au roman

Auteur acadienAprès le théâtre, il publie un recueil de nouvelles intitulé Chroniques d’une île de la côte, en 1999, aux Éditions d’Acadie.

Il publie un second tome de nouvelles en 2012 aux Éditions de la Francophonie. Pour ces nouvelles, il invente une île, l’Île des Potabrés, où ses personnages habitent et évoluent. Jules s’inspire de ses rencontres, leur donnant des rôles dans ses histoires. Même s’il modifie les noms et les détails de leur vie, il conserve leur personnalité.

En 2008, il publie aux Éditions La Grande Marée un recueil de ses pièces de théâtre dont Cochu et le soleil. Il nous dit d’ailleurs que ce texte est revisité au fil des ans.

Jules Boudreau avoue que lorsqu’on écrit, on n’a jamais terminé de retravailler un texte jusqu’à ce qu’il soit publié. Et même ensuite, on le retravaille ou on ajoute des passages. Dix ans plus tard, il publie un premier roman, Les Potabrés.

L’écriture au service du patrimoine

Nous ne pouvons pas passer sous silence les années de Jules Boudreau comme coordonnateur des activités historiques au Village historique acadien à Bertrand où il écrit plusieurs scénarios.

Village historique acadien

Une des caractéristiques particulières de ce type de musée est qu’il est un site vivant grâce à la présence de fermiers, d’animaux de ferme, de démonstrations quotidiennes par les interprètes et de scènes d’époque actualisant et humanisant le contexte historique. Un des plus beaux aspects du travail au Village historique acadien a été cet esprit d’équipe qui anime tout le personnel.

NDLR: Nous avons plusieurs fois parlé de ce musée dans nos pages, de ses artisans et de ses savoir-faire ancestraux

Écrire et transmettre

En terminant, Jules nous avoue qu’il se peut qu’il y ait un troisième tome des Chroniques d’une île de la côte. Cette année, Jules partagera ses connaissances avec des jeunes de 3e année (CM2 en France) .

Il ira leur expliquer comment on écrit une pièce, comment on crée des personnages, comment on écrit des scènes, etc.  Jules a bien hâte de rencontrer des futurs dramaturges et comédiens !

2 Comments

  • Valérie D. dit :

    Bonjour,
    après quelques années passées à Montréal et des séjours sur les îles de La Madeleine, dont je garde une réelle nostalgie,
    je vis à Paris (beurk !). J’aimerais me procurer le livre “Chroniques d’une île de la côte” – et si vous avez d’autres ouvrages à me conseiller
    je suis preneuse. Mais il vous faut me dire où je peux les acheter…
    Bon réveil !
    Valérie Ducastel

  • em^jAG dit :

    Que le beau Gilles nous a épaté par sa constante description d’une présence sympatique acadienne d’ou l’entraide est rempli de surprenantes situations drôlesques qui animent l’amitié.

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