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Quatre jours. Voilà le temps dont je pouvais disposer pour aller découvrir l’une des communautés francophones de la région atlantique … Un p’tit coup d’oeil sur la carte : je m’en vais en Acadie, à Clare, dans le Sud-ouest de la Nouvelle-Ecosse. Ses 8000 habitants y vivent en français à 100%, c’est unique ! Je veux vraiment en savoir plus. Baie Sainte-Marie me voilà !

Clare ? c’est pas clair !

« But … WHERE IS Clare ? ». Ma voisine de petit déjeuner, louisianaise, est perplexe. Sa question me réconforte : je me la suis posée pendant plusieurs jours avant d’arriver à Petit-Ruisseau. Pas trop fort parce que je me sentais quand même un peu cruche de partir passer quelques jours dans un endroit que je n’arrivais pas à localiser précisément.

Mes multiples recours à google ont tous reçu la même réponse :

« Clare, communément appelée la Baie-Sainte-Marie, est une municipalité de district du comté de Digby, au sud-ouest de la NouvelleÉcosse, au Canada. »

Baie Sainte-Marie

Herman, rencontré à la Shoppe Verte / La très grande église Sainte-Marie de Pointe-de-l’Eglise / La Shoppe Verte, à Concession / Le poisson sec

Là où ça coince c’est quand vous cherchez la municipalité de Clare sur une carte (elle est tout en bas de cet article) et que vous ne la trouvez pas: elle n’existe pas en tant que telle. On dirait que c’est habituel avec les acadiens. Cherchez l’Acadie sur une carte, vous ne la trouverez pas non plus !… Pas grave, on s’y fait !

Pour faire simple, oubliez Clare. Dites-vous juste que le « Comté de Clare », c’est la région.

Ah, mais on l’appelle aussi La Baie Sainte-Marie. … Une BAIE, normalement, c’est de l’eau ! Oui, mais pas ici.

Enfin, oui, c’est bien un bras de mer qui va jusqu’à Digby, mais c’est aussi la côte qui borde la Baie. C’est les deux. Vous me suivez ?

Attendez, … vous n’êtes pas au bout de vos surprises ! Une fois sur place, ça parait simple. Vous allez découvrir une très longue communauté qui s’étend de Bas-de-la-Rivière à Rivière-aux-Saumons. Les villages s’enchaînent sans que vous en aperceviez. Vous verrez une suite ininterrompue de maisons et ce sont les panneaux signalétiques qui vous indiqueront que vous n’êtes plus à Comeauville, mais à Saulnierville, ou à La Butte.

De temps en temps, on vous glisse quand même une petite peau de banane :

Vous cherchiez La Butte, euh… sur la carte ça s’appelle Methegan ( “Roche Bleue” en langue Mi’Kmaq). Et si c’est à Church-Point que vous voulez vous rendre, demandez plutôt Pointe-de-l’Église. Ici on parle français partout et tout le temps. C’est le seul endroit en Nouvelle-Écosse où le français est parlé aussi bien pour les affaires que pour les études et pour la vie de tous les jours.

Vous vous souvenez ? L’Heure de l’Est vous a déjà amené du côté de l’Isle Madame, une autre communauté francophone de la Nouvelle-Écosse, à une petite dizaine d’heures de voiture de la Baie.

Ah oui, et tant qu’on y est, ce bon vieux réflexe de chercher un centre-ville. Oubliez-le !

Il n’y en a pas. Si vous êtes déjà allé à Caraquet (Nouveau-Brunswick), ça va vous aider; si non, bienvenue dans une communauté rurale du Canada Atlantique, pays où on a telllllllllement de place que l’on peut s’étendre presque à l’infini. Ça donne une communauté de 8500 personnes environ étalée sur une cinquantaine de kilomètres.

Une fois que vous avez compris tout ça, vous êtes prêts pour prendre tout ce que l’Acadie de la Baie Sainte-Marie vous offre. Avant de continuer la lecture de cet article, branchez-vous sur CIFA 104.1 (en lien sur la page d’accueil de l’Heure de l’Est) et en route !

La Baie Sainte-Marie, j’y étais, j’y reviens !

Baie Sainte-MarieA l’Heure de l’Est, l’historienne, ce n’est pas moi, c’est Françoise. Malgré tout, il faut que je vous explique pourquoi La Baie Sainte-Marie est francophone, puisque c’est ce qui fait sa raison d’être.

Ensuite vous irez au Centre d’interprétation de l’Université Sainte-Anne où tout vous sera expliqué très bien et très en détails.

En 1604, les français se sont installés dans ce qu’on appelle aujourd’hui la Nouvelle-Écosse, en commençant par Port-Royal (aujourd’hui, c’est Annapolis Royal). Ils y prospèrent, occupant la Vallée d’Annapolis, jusqu’à Grand-Pré où les terres qu’ils cultivent se révèlent riches et fertiles (pas parce qu’ils sont bien tombés, mais parce qu’ils savent y faire).

Mais les Anglais décident d’expulser tous ces Français (devenus des Acadiens) de cet El Dorado et de toutes les autres communautés qu’ils ont créées. Ça s’est passé en 1755 et c’est ce qu’on appelle le Grand Dérangement. (Les Acadiens qui connaissent très bien leur histoire vont trouver que j’ai vraiment le sens du raccourci. Je m’en excuse auprès d’eux !)

Plus de 12 000 personnes ont été déportées vers les treize colonies anglaises sur le territoire américain. C’est un tournant dans l’histoire des Acadiens dont il est toujours question à l’heure actuelle.

A partir de 1763, les Acadiens chassés de leurs terres ont eu le droit de revenir dans la région. Mais chez eux, ce n’était plus possible : des familles de langue anglaise, des Planters, s’étaient installés sur leurs domaines.

En Nouvelle-Écosse, ils ont donc été obligés de poursuivre vers l’ouest, refoulés au bout du bout, tout là-bas sur la côte, sur le territoire des autochtones nomades, les Mi’Kmaq.

Ils s’installent en deux endroits :

  • Par-en-Haut, qu’on appelle aussi  … La Baie Sainte-Marie et/ou Le Comté de Clare où Pointe-de-l’Eglise est fondée en 1768.
  • Par-en-Bas : la communauté de Argyle / Pubnico.

Ce qui permet à Clare de fêter fièrement ses 250 ans d’histoire en 2018… quand le Canada fêtait ses 150 ans l’an dernier.

Vous comprenez maintenant :

  • pourquoi on parle français à la Baie Sainte-Marie,
  • pourquoi c’est une région si spéciale
  • pourquoi cette histoire et ce souvenir sont si importants pour la communauté. 

La suite, très bientôt …

 

Ceci est le premier article d’une série que l’Heure de L’Est consacre à la Baie Sainte-Marie | Pour ne pas manquer la suite, à venir très prochainement, abonnez-vous à l’Heure de l’Est. C’EST GRATUIT 

carte de la baie sainte marie nouvelle ecosse
Patricia Detcheverry

Après 10 ans en régie publicitaire, je me suis lancée dans l'hôtellerie et j'ai vécu (encore) 10 ans au rythme des saisons touristiques. Freelance depuis 2017 j'allie mon regard de femme de l'Atlantique et mes compétences en communication pour faire connaitre ma région. Ce que j'aime par dessus tout ? Faire découvrir les petits endroits paumés où personne ne va, les petites routes ignorées, les bouts du monde et les gens, toujours les gens !

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