Christian Kit Goguen, auteur-compositeur-interprète et artiste acadien bien connu, se produit en ce moment sous le chapiteau du Cirque du Soleil, dans le spectacle TOTEM. Il s’agit, pour l’artiste, d’une seconde aventure avec cette compagnie de cirque mondialement connue.
Il y a loin de la salle de concert de l’école de St-Charles de Kent, au Nouveau-Brunswick, jusqu’à la mythique salle de spectacles de Royal Albert Hall, à Londres, dans laquelle le spectacle TOTEM du Cirque du Soleil se produit pour quelques jours encore.
Je ne prends rien pour acquis, ça m’aide à me souvenir de tout ce que j’ai fait pour en arriver là.
Le chemin parcouru par Christian Kit Goguen a été long: depuis sa première guitare (qu’il a demandé alors qu’il n’avait que 4 ans), jusqu’à l’immense défi d’aujourd’hui, il y a eu plusieurs étapes déterminantes.
En 2003, après avoir fondé son propre groupe de musique, le Groupe Goguen, Christian gagne le Gala de la Chanson de Caraquet. C’est un tremplin majeur qui lui permet de décrocher, en 2004, un rôle dans le grand spectacle Ode à l’Acadie. Créé dans le cadre du 400ème anniversaire de la fondation de l’Acadie, le spectacle qui se veut un voyage musical à travers toute la Grande Acadie,va tourner sans arrêt pendant 6 ans, au Canada et un peu partout dans le monde.
Ode à l’Acadie
Avec Ode à l’Acadie, Christian découvre les joies et les exigences de la tournée, le vrai travail d’artiste professionnel. Il y rencontre sa future épouse, Louise Vautour, musicienne accomplie, elle aussi.
C’est d’ailleurs aux côtés de Louise, par un bel après-midi d’été, quelques heures avant un spectacle, sur la plage de Maisonnette, qu’il apprend que le Cirque du Soleil aimerait lui parler. On est en 2010. “Un dépisteur artistique m’avait entendu à la télévision dans un extrait de Ode et ma voix lui avait plu.”
Le moins qu’on puisse dire c’est que Christian a un peu de mal à y croire. Pourtant, il se rend à Montréal, passe les auditions, rencontre le directeur artistique et quelques mois plus tard, il prend sa place de chanteur dans le spectacle Cortéo où il chantera jusqu’en 2012. Il continue, de juin 2012 à décembre 2013, avec Zarcana, une autre production du Cirque du Soleil. Tout cela implique beaucoup de tournée, de longs séjours, en Espagne, en Russie et à las Vegas.
En 2013, l’artiste rentre en Acadie pour se consacrer à divers spectacles, dont la comédie musicale “La vallée des possibles” où il occupe un rôle principal, et pour jouer un autre rôle, tout aussi important à ses yeux, celui d’époux et de papa du petit Mathias.
De nouveau sous le chapiteau
En décembre dernier, le Cirque du Soleil revient vers lui pour lui offrir de remplacer un de ses chanteurs dans le spectacle TOTEM… “Difficile de refuser!” explique Christian, et c’est reparti, jusqu’en janvier 2020!
On pourrait penser que c’est une vie de rêve mais à entendre Christian expliquer son quotidien on comprend que ça ressemble plutôt à du sport de haut niveau. En fait, rien n’est laissé au hasard, ni la voix, ni la chorégraphie, ni le maquillage, ni les costumes. Tout est minuté, réglé et tout repose sur une intense et constante préparation.
C’est un travail très physique. Je chante mais je dois aussi occuper l’espace, habiter la scène comme interprète, donc je suis beaucoup en mouvement avec des artistes partout autour de moi
Il lui a fallu plus d’un mois d’entraînement intense, au niveau vocal et physique, pour pouvoir prendre sa place dans le spectacle. Quant au rythme de travail , il n’est pas de tout repos: environ 400 spectacles par an, 6 jours sur 7 avec parfois 2 spectacles en une journée.
Quand on réalise que chaque spectacle dure 2h30, qu’il faut se tenir en forme, entraîner sa voix et prévoir, en plus, environ 45 minutes pour se maquiller, on comprend que les journées sont bien remplies et ne laissent pas grand place aux loisirs.
Et puis, à la fin du spectacle, on regagne tout simplement sa chambre et il faut se contenter d’une conversation avec la famille via le téléphone ou Skype. Le fait que son épouse, Louise, connaisse bien le métier et la difficulté de la tournée, aide le couple à supporter la séparation mais Christian avoue s’ennuyer des siens.
La vie du cirque
Ceci dit, il ne se plaint pas. Pas du tout! L’expérience artistique est unique et ces grandes villes pleines d’histoire dans lesquelles le Cirque du Soleil donne ses spectacles offrent bien des découvertes à qui veut en profiter. Christian s’y attache chaque jour de repos. “Il faut bien nourrir l’âme,” explique-t-il simplement.
L’expérience humaine sous le chapiteau du cirque est tout aussi enrichissante: les artistes qui l’accompagnent sur scène forment une grande famille, sur laquelle veillent techniciens, administrateurs, accessoiristes, cuisiniers et autres. Rien que sur scène, ils sont 42 artistes et il y a autant de techniciens dans les coulisses. En plus du grand chapiteau, il y a une tente pour les accessoires, une tente pour l’accueil, une autre pour les cuisines, “une ville dans la ville,” me dit Christian.
Et quand le cirque bouge, c’est tout une logistique. Après le 26 février, par exemple, il faudra tout démonter, quitter les hôtels et les appartements londoniens pour se rendre à Vienne, en Autriche. Là il faudra tout remonter et tout recommencer pour quelques mois.
Durant cette transition, les artistes, auront droit à quelques rares jours de repos. Certains retourneront à la maison. Christian, lui, attend avec impatience la visite de sa petite famille. Après cette pause, le travail reprendra.
Et puis, ce sera la Suisse, les Îles Canaries durant tout l’été, la Hollande et enfin l’Allemagne. Des lieux tout aussi éloignés de St Charles de Kent que Londres ou Las Vegas, mais où, sous un chapiteau de cirque, un artiste acadien réalise son rêve, environ 10 fois par semaine.
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