Skip to main content

À Havre-Aubert, aux Îles de la Madeleine, se trouve l’école et atelier de poterie de Annie-Cécile Tremblay. Elle a singulièrement baptisé son entreprise, “le Show d’boucane”.

Poterie rakuVous allez vite comprendre pourquoi! Parce qu’avant de parler poterie, il faut savoir ce qu’est un “vrai” show d’boucane. On est loin de l’argile, du tour et de la glaçure, croyez-moi: un show d’boucane c’est une activité très populaire durant laquelle on installe autos, motos ou camionnettes, sur des pièces de bois et on fait tourner les pneus jusqu’à ce que le feu prenne dessous… Pourquoi? Mystère! Chose certaine, il y a beaucoup de fumée… de boucane donc, vous l’aurez compris!

L’expression “show de boucane” est québécoise mais la première fois que j’ai entendu parler de ce type de loisir fumant, j’étais à Caraquet, en Acadie. L’idée a fait son chemin, faut croire!

Au Québec, par extension, on dit aussi d’une tactique pour jeter de la poudre aux yeux, que c’est un show de boucane. C’est toujours bon à savoir, ça peut servir!

Poterie et boucane

Si Annie-Cécile Tremblay (ci-dessous) a décidé de nommer son atelier-école “le Show d’boucane“, c’est qu’elle a de l’humour mais, surtout, c’est que sa passion, c’est la poterie et plus précisément le raku, une technique bien particulière qui nous vient du Japon.

poterie raku

“Le raku, c’est un vrai show de boucane”, explique-t-elle en riant. Les pièces sont en effet mises à cuire jusqu’à environ 1000 degrés Celsius mais, au lieu de les laisser refroidir tranquillement dans le four, on ouvre les portes, on sort les objets et – vous allez tout comprendre! – on les jette dans du “brin de scie” (de la sciure de bois”, si vous préférez). Oh là, là … je vous laisse imaginer la boucane.

La poterie raku: toute une expérience

poterie raku

Le nom de son entreprise a beau faire sourire, Annie-Cécile Tremblay n’en est pas moins une artisane et une artiste professionnelle. Native de la région de Québec, elle a suivi une formation de trois ans au CÉGEP de Limoilou (un collège, en France, si vous préférez), qui est offerte en partenariat avec la Maison des métiers d’art de Québec.

Diplôme en poche, elle arrive aux Îles de la Madeleine pour travailler avec le potier Patrick Leblond, peintre et céramiste madelinot. Pendant quelques années, elle va et vient du continent aux Îles, travaillant pour d’autres artistes, dans la recherche, ou dans l’installation d’œuvres d’art en céramique. En janvier 2018, le chant des sirènes a raison d’elle et elle décide de s’installer “aux îles” pour de bon.

Le bord de l’eau m’a toujours attirée et puis il y a l’amour du lieu, les gens.

Annie-Cécile s’achète une petite maison à Bassin, dans le coin de Havre-Aubert, continue à travailler à droite et à gauche, mais elle réalise enfin son rêve d’ouvrir sa propre école de poterie et de raku. L’hiver, elle donne des ateliers de poterie traditionnelle, dans sa cuisine, et dès la belle saison revenue, son atelier se transporte dans la cour où elle se consacre au raku.

Une expérience de poterie unique

poterie raku

Je vous explique comment ça se passe si vous décidez de prendre part à son atelier de raku – une activité d’une demie journée – dont vous repartirez avec votre oeuvre, unique, à vous. Rien de moins!

Venez seul, en famille, avec des copines, mais ne ratez pas ça parce que vous n’aurez pas cette chance ailleurs. L’école de poterie Le Show d’Boucane est la seule à offrir un atelier d’initiation au raku de quelques heures seulement.

 

 

poterie raku

 

En arrivant sur place, vous trouverez des objets en terre cuite déjà prêts à être décorés. Vous en choisirez un et vous installerez dehors sur une grande table pour décorer votre futur chef d’oeuvre.

Vous suivrez attentivement les instructions de Annie-Cécile: elle vous conseillera sur les types de peintures et de glaçures à utiliser et elle vous expliquera aussi comment la technique du raku va venir transformer votre travail.

Cette première étape terminée, elle mettra les objets à cuire dans le four chauffé au maximum.

poterie rakuVous attendrez 45 minutes environ en faisant une partie de blague avec les 6 ou 8 autres participants, tout aussi novices que vous, pendant qu’Annie-Cécile, couverte de la tête au pied pour se protéger contre l’intense chaleur, surveillera la cuisson.

Oui, c’est bien Annie-Cécile, ici à gauche!

Encore un peu de patience et ce sera le moment tant attendu du show d’boucane: elle sortira les objets un à un pour les déposer aussitôt dans un contenant plein de brin de scie. Est-ce que je vous ai dit que vous repartirez en sentant la fumée à plein nez? Après une autre demie heure de refroidissement et un petit coup dans l’eau froide, chaque oeuvre retrouvera son créateur, et là…

Coup de magie!

Je vous aurai prévenu, votre chef d’oeuvre aura d’abord triste allure, tout noirci par le feu, la sciure et l’eau. Mais, sous les conseils avisés de votre enseignante, vous le frotterez alors énergiquement avec un chiffon et découvrirez, émerveillé, ce que le feu en a fait.

poterie raku

“Chaque pièce sort de manière unique,” s’enthousiasme Annie-Cécile qui ajoute que même les gens qui viennent un peu à reculons (pour faire plaisir à maman, à épouse ou à copain) repartent émerveillés. Tous sont conquis par les irisés, les fondus, les aspects métallisés qui, ajoutés aux dessins et arabesques, font de leur bol ou de leur tasse, un objet de grande beauté.

Vous ramènerez précieusement votre oeuvre à la maison et la déposerez fièrement sur votre table de travail, votre bureau, votre table de salon. Vous aurez alors sous les yeux un éloquent souvenir de ces quelques heures estivales de découvertes et de magie, passées en excellente compagnie. Et, comme pour la madeleine de Proust, vous sentirez alors dans vos narines le pur air marin des îles … et l’odeur de boucane, bien entendu!

Avouez qu’il y a pire façon de passer un après-midi d’été aux Îles de la Madeleine!

Bassin, Île du Havre-Aubert, Îles de la Madeleine

 

poterie raku

Vous êtes sur Pinterest ? épinglez, merci !

 

 

Françoise Enguehard

Native de Saint-Pierre et Miquelon, Françoise est établie à Saint-Jean de Terre-Neuve depuis plus de quarante ans. Journaliste (anciennement à Radio-Canada, aujourd’hui chroniqueuse pour l’Acadie Nouvelle) , auteure reconnue, bénévole de la communauté francophone de l’Atlantique (Présidente de la Société Nationale de l’Acadie de 2006 à 2012 et de la Fondation Nationale de l’Acadie depuis 2014), elle connaît intimement la région de l’Heure de l’Est, ses gens et les défis qu’ils relèvent au quotidien. Femme d’affaires, elle dirige VIVAT Communications, une firme spécialisée dans la traduction et les communications.

Publier un commentaire