Quand on vous dit que l’Acadie est partout!
Merci à une nouvelle collaboratrice occasionnelle, Jocelyne Boudreau, de nous faire découvrir un jeune artiste multi-disciplinaire acadien et bourlingueur: Thibault Jacquot-Paratte.
Poète voyageur
C’est à Allahabad, ville majeure du nord de l’Inde, que l’artiste multidisciplinaire néo-écossais (il est originaire de la vallée d’Annapolis), Thibault Jacquot-Paratte, vient de publier un nouveau livre, Cries of somewhere’s soil.
S’il s’agit de son quatrième livre, il s’agit de son premier recueil de poésie, et de son premier livre en anglais. Une autre facette artistique de l’auteur nous est également révélée avec cet ouvrage puisqu’il a lui-même réalisé l’illustration de la couverture : un dessin sur fond rouge vif, qui semble montrer une bouche dans un désert, de laquelle sort un mélange de paysage urbain et de nature.
Dramaturge
Thibault Jacquot-Paratte avait déjà fait du bruit en janvier 2020 avec la représentation bilingue (en français surtitré en anglais) de sa pièce de théâtre Les Mangeurs d’ail par la troupe du Théâtre DesAssimilés à Halifax.
Cette pièce avait été publiée en France en 2017, presque en même temps que deux autres pièces (Chlorophyllisme et La dérivée de pâques), cependant, elle n’avait pas encore été jouée.
Comme l’explique l’auteur « Sans contacts, dans le monde du théâtre, c’est dur de trouver une estrade, des acteurs, du budget, et tout le reste ». La production de cette pièce, dont la mise en scène était assurée par l’auteur, avait été annoncée en automne 2019 par le Théâtre DesAssimilés, dans le cadre de leur saison de théâtre 2019-2020, et de leur projet Premier Acte.
La pièce fut jouée pour la première fois le 11 janvier 2020, devant une salle comble, et bénéficia d’une couverture importante par Radio-Canada, Oui 98.5 FM, et le Courrier de la Nouvelle-Écosse.
En 2019 aussi, l’auteur s’était fait remarquer un peu partout en Acadie.
Musicien
Récemment revenu d’Europe avec une maîtrise de la Sorbonne, après « 14 déménagements en 3 ans entre 6 pays, sans compter les bourlingages », il était présent à la demi-finale du Gala de la chanson de Caraquet sous le nom de Thibs Solo Band (nom sous lequel il a déjà sorti plusieurs productions indépendantes). Peu de temps après, il présentait d’autres chansons originales à Scène Stella, festival des arts de la scène organisé par la Fédération Culturelle Acadienne de la Nouvelle-Écosse.
Suite à cela, il eut le temps de publier plusieurs nouvelles (dont une, finaliste au prix de la nouvelle du Concours littéraire Energheia de Matera en Italie), et d’être présent au Congrès Mondial Acadien en tant que poète en Pavillon de la Société Nationale de l’Acadie, à Moncton.
Ce parcours dynamique, en 2019-2020, était bien sûr loin d’être ses premiers pas sur une scène artistique. Avant de partir faire ses études post-secondaire en Europe, il était très actif autant en écriture qu’en musique, notamment au sein des réseaux jeunesse.
Poète
Soulignons, par exemple, sa présence à titre de poète officiel du Conseil Jeunesse lors de la seule édition du Sommet de la jeunesse de la Fédération Acadienne de la Nouvelle-Écosse, en 2010, ou ses affiliations avec d’autres jeunes musiciens, tels que Gavin Fraser ou Jonah Guimond (alias P’tit Belliveau), avec qui il a déjà partagé la scène à plusieurs reprises.
Durant ses années en Europe, il précise avoir participé au Printemps des poètes à Paris en 2012, à une troupe de théâtre grec antique, au groupe d’écriture poétique de la Sorbonne, à des revues d’affiliation trotskistes, d’avoir joué dans des bars anarchistes du nord de la Norvège, ou encore d’avoir réalisé un film danois, tourné en Estonie!
C’est à présent en publiant un livre à l’autre bout de la terre qu’il attire notre attention.
Tout est arrivé de façon un peu surréelle. Un jour, j’ai reçu un courriel de l’éditeur – Cyberwit.net – qui me disait, en gros, qu’il avait trouvé des choses que j’avais écrites, et avait aimé ça. Il se demandait si cela m’intéresserait de lui proposer un manuscrit
Éditer en Inde
« Trouver un éditeur n’est vraiment pas aussi facile qu’on le croit, alors quand un éditeur vient à nous, ça a l’air quasiment suspect ! J’ai regardé qui c’était, et ils m’ont même envoyé un contrat d’édition type pour que je sache comment ils travaillent. » C’est ainsi que depuis Halifax, l’auteur a envoyé à l’éditeur indien un manuscrit qui, tel qu’il le dit, « dormait dans mon ordinateur depuis huit ans ».
Pour le dessin de couverture, l’auteur dit l’avoir réalisé pour avoir quelque chose qui « représentait réellement » la poésie dans le livre. « Ce n’est pas juste de la poésie traitant de nature comme le titre peut le suggérer. C’est aussi très urbain, mais la nature reste là, même quand c’est urbain. »
Thibault Jacquot-Paratte décrit le livre comme portant principalement sur le monde, la place que l’on y occupe ou que l’on y trouve; notre rapport avec le monde, mais aussi le rapport du monde avec lui-même.
C’est une écriture très singulière et très imaginative que nous retrouvons dans ce recueil. Ce livre est une lecture idéale pour quiconque chercherait à s’éloigner des formes poétiques standards.
Le lien avec les arts visuels ne semble pas s’arrêter à la couverture. Suite à la parution du recueil, l’auteur a publié plusieurs vidéos promotionnelles sur YouTube, ainsi que d’autres réseaux sociaux.
Dans ces vidéos, on entend l’auteur lire un poème – la lecture est accompagné soit par un court film, ou par des animations faites à partir de dessins. En somme, au lieu de vidéo clips musicaux, nous trouvons ici des vidéo clips poétiques.
Ce n’est certainement pas la façon la plus commune de promouvoir un livre de poésie, mais cela est, pour le moins, original. Cela offre aussi la chance d’entendre des extraits du livre.
En famille
C’est en ce moment depuis Vilnius en Lituanie que l’auteur célèbre la publication de ce livre.
Malgré la pandémie, c’est dans la ville d’origine de sa conjointe, l’écrivaine lituanienne Augustė Jasiulytė, que Thibault Jacquot-Paratte est reparti pendant une durée qu’il dit « indéterminée ».
« De toute façon, ce n’est pas le moment de faire des plans! », dit-il en riant. Il se livre principalement à l’écriture, aux études, et à être père-au-foyer pour sa fille d’un an et demi, Mirabelle.
Si ce parcours est peu commun, il va très bien à cet artiste qui, visiblement, n’a pas fini de porter la littérature acadienne plus loin que là où elle est établie. Cries of somewhere’s soil est disponible en ligne via l’éditeur (www.cyberwit.net), d’autres distributeurs en ligne, ou en librairie…, mais en Inde !
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Wow. Vraiment intéressant.
Je n’ai jamais douté du fait que tu irais loin, et ça me fait très, très plaisir !
Un beau parcours, un article bien agréable à lire et bien illustré