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C’est rassurant de voir que dans un monde où tout existe déjà, où tout se vend et tout s’achète, il reste des champs de créativité totale qui prospèrent loin de ces canaux de distribution «mainstream» qui font tourner la planète. Des mondes parallèles où il ne faut ni un ordinateur, ni un équipement à prix d’or, ni une cotisation annuelle. Ici, il ne faut rien. Rien qu’une feuille, un stylo … un cerveau et éventuellement des rimes en o.

Slam.

C’est la 6ème année que le Conseil Provincial des Sociétés Culturelles du Nouveau-Brunswick organise son Festival International de Slam Poésie en Acadie (FISPA). Pour la deuxième fois, l’Heure de l’Est a répondu à l’invitation de Marie-Thérèse Landry, la directrice générale. En 2019, Françoise Enguehard s’y était rendue, vous pouvez lire son article ici. Depuis le 6 octobre et jusqu’au 15 octobre, la crème de la crème du SLAM est à Moncton et croyez-moi c’est un régal !

Un invité d’honneur : Marc Kelly Smith, créateur du Slam poésie

Le mouvement SLAM trouve ses racines à Chicago, dans le spectacle Uptown Poetry Slam, lancé en juillet 1986. Son créateur, Marc Kelly Smith est l’invité d’honneur de cette édition 2022. Si vous n’êtes pas Slameur ou Slam eues, il est possible que son nom ne vous dise rien. Mais citez son nom à un adapte et tout de suite c’est le mot légende qu’on vous sort. Une légende, affable et bienveillante, qui participe à toute les activités qui se succèdent chaque jour au FISPA.

Marc Kelly Smith Slam poèsie

Marc Kelly Smith, le créateur du Slam.
Crédit photo : HDE

Alors, comment ça a commencé tout ça ? ce SLAM, devenu un mouvement, qui existe maintenant partout sur la planète ? Marc Kelly Smith explique :

 « La poésie, c’est quelque chose de puissant, de passionné. Je ne pouvais plus supporter ces lectures de poésie rigides et glaciales, d’un ennui abyssal, comme elles existaient encore dans les années 80, et avant. Un jour je me suis lancé et j’ai commencé à déclamer de la poésie d’une manière plus vivante, plus engagée dans le ton et aussi dans la gestuelle. J’ai aimé ça et j’ai continué. Les premiers mois ont été compliqués, c’était plutôt mal vu, mais d’autres se sont mis à faire pareil. Quand il a fallu donner un nom à ce qui devenait une nouvelle façon d’aborder la poésie, j’ai dit « SLAM » c’est comme ça que le SLAM est né. »

Et depuis 1986, Marc Kelly Smith poursuit son œuvre.

Rendez-vous sur son site web : marckellysmith.net

Le SLAM est un sport collectif où chacun joue seul sa partie.

Depuis Marc K. Smith, le SLAM c’est une façon de déclamer des textes, dans des lieux publics, le plus souvent des cafés ou des bars. La plupart du temps dans une limite de 3 minutes par texte, seul en scène, sans costume et sans accessoires. Le texte dans la tête, ou bien dans un cahier ou dans son smartphone. Peu importe, ce n’est pas ce qui compte, le Slam n’est pas du théâtre.

Slam Micro ouvert

Slam Micro ouvert au Café Clémentine, à Moncton.
Crédit photo HDE

Voici ce qu’en disent deux slameurs, Eniah et Acide Ludique :  

Ça c’est dit.

Pour le CPSC, le Slam c’est une « expression poétique qui met en exergue l’engagement, la confiance et l’affirmation de soi, du nous ».

Bilbo Cyr dans sa version très personnelle du Corbeau et Le Renard de La Fontaine.
Crédit photo : HDE

Les objectifs du FISPA :

Créer les conditions favorables à l’appropriation, par les jeunes (9 à 99 ans), de la langue comme outil de communication, et ainsi promouvoir la francophonie.

• Valoriser le rôle de la langue dans l’identité culturelle, et de ce fait valoriser la diversité culturelle et linguistique dans la province du Nouveau-Brunswick.

• Mettre en œuvre le droit de chacun.e à s’exprimer dans une perspective d’accès à la vie culturelle et communautaire.

• Favoriser l’accès aux pratiques créatives et culturelles afin de contribuer à une meilleure cohésion sociale et promouvoir le sentiment d’appartenance à une communauté chez les jeunes.

• Permettre à chaque jeune résident.e francophone de prendre la parole et d’affirmer son identité culturelle, à travers les langues de son choix, dont la langue française.

 

Le slam : un arc-en-ciel de thématiques

On peut dire qu’il y a autant de slams et de thèmes qu’il y a de slameurs. Le Festival, avec sa programmation impeccable a, entre autres, proposé le spectacle Plafond de Vers, sur la scène du Monument-Lefèvre.

25 femmes de tous horizons, dont certaines en visio depuis différents pays africains. C’est toujours l’énergie, et pour certaines l’état de quasi-transe, qui est remarquable. Quand on slame, on ne fait pas semblant.

Que ce soit le slam sur la violence conjugale de Marion Chaussette, le Matriarquat de Lou-Nat ou encore la certitude pour Nini Marcelle d’être une extraterrestre élevée par erreur par des humains, assister à un spectacle de slam c’est en prendre plein les oreilles, et rester, quelque fois, abasourdie par la fluidité extraordinaire de la diction et du rythme.

Les artistes du Plafond de Vers, au Monument-Lefèvre.
Crédit photo : HDE

D’ailleurs, le slameur français Antoine Faure, alias Tô, m’a expliqué que c’était plutôt une forme atypique de soirée slam. On est plus habitué à un scène ouverte où vient qui veut, sans programmation fixe.

Quoi qu’il en soit, c’est bien de parler de slam, mais écouter des slameurs et des slameuses c’est quand même mieux. Je termine cet article avec un petit florilège,10 extraits, seulement. J’aurais voulu pouvoir vous montrer tous les participants tant la programmation du Conseil Provincial des Sociétés Culturelles était éblouissante. Pour en voir plus, allez sur Youtube ou sur les pages Facebook des uns et des autres.

Je prends mon ticket pour l’an prochain, et vous ?

 

 

Patricia Detcheverry

Après 10 ans en régie publicitaire, je me suis lancée dans l'hôtellerie et j'ai vécu (encore) 10 ans au rythme des saisons touristiques. Freelance depuis 2017 j'allie mon regard de femme de l'Atlantique et mes compétences en communication pour faire connaitre ma région. Ce que j'aime par dessus tout ? Faire découvrir les petits endroits paumés où personne ne va, les petites routes ignorées, les bouts du monde et les gens, toujours les gens !

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