Les érablières ne datent pas d’hier ! Selon certains historiens, la région allant de Paquetville à Tilley Road, dans la Péninsule Acadienne, au Nouveau-Brunswick, était connue bien avant sa colonisation par les Acadiens et les Acadiens dans les années 1870. On y allait déjà pour récolter l’eau d’érable et en faire du sirop.
Depuis ce temps, bien des familles opèrent une petite cabane à sucre pour récolter l’eau des érables. D’autres, comme la Sucrerie Chiasson de Paquetville, sont devenus de véritables producteurs de sirop d’érable et autres produits dérivés comme le beurre, la tire et les excellents cornets à la crème.
Lorsque le printemps arrive, plusieurs sont frappés d’une fièvre qui ne se guérit que par le goût sucré du sirop d’érable!
À Bois-Gagnon, près de St-Isidore, Jean-Guy Morais s’occupe de son érablière.
Dès l’âge de 15 ans, il commence à faire les sucres avec son père, il y a plus de 65 ans.
À cette époque, son père coche 800 érables et ramasse l’eau à l’aide d’un traineau tiré par un chien. Durant la saison des sucres, son père revient rarement à la maison et dort dans une cabane près du bâtiment où l’on bouille l’eau.
Sur leur terre à érable, Jean-Guy et ses frères recueillent l’eau d’érable avec des boites de jus de tomates bouillant ensuite l’eau au-dessus d’un petit feu directement dans la forêt.
Le camp actuel fut construit par Jean-Guy et agrandi au fil des ans. Il recueille de l’eau d’érable à chaque printemps.
En dehors de la saison des sucres, sa famille se rencontre de temps à autre à cet endroit. Aussi, depuis bien des années Jean-Guy pratique la sylviculture sur cette terre. Il est très fier du travail accompli et de cette belle forêt entourant sa petite érablière.
125 entailles pour recueillir l’eau d’érable
À St-Isidore, lors d’une journée un peu pluvieuse, je me rends chez Charles-Eugène Duclos où je vois un peu de fumée sortir d’une cheminée venant d’une petite cabane à l’arrière de sa maison. Il est en train de faire bouillir l’eau pour en faire du sirop.
Charles-Eugène n’a pas besoin d’aller bien loin pour récolter l’eau des érables, sa maison est entourée de ses majestueux arbres. Cette année, il a coché 125 entailles.
Pour aller chercher l’eau dans les chaudières, il se promène avec un petit traineau et deux bidons en plastique. Il apporte tout cela à sa cabane et en quelques heures, il obtient ce joli liquide doré. À chaque fois qu’il bouille de l’eau d’érable, il obtient environ dix litres de sirop.
Alors qu’on regarde bouillir l’eau, il m’explique que c’est grâce à son voisin, Joseph Losier, qu’il a contracté la fièvre des sucres. Cependant, Charles-Eugène a toujours conservé l’aspect artisanal en ayant des chaudières en métal et en conservant une bouillote alimentée par un feu de bois.
En fait, dans le petit secteur où il se trouve, cinq individus sont installés pour recueillir l’eau d’érable, dont son frère Jean-Pierre Duclos et Paul-Émile Sivret.
J’aperçois d’ailleurs les installations de ses voisins au travers des arbres. Je vois aussi un peu de fumée sortir des cabanes signalant leur présence et qu’aujourd’hui est une bonne journée pour bouillir. Dans la grande région de Saint-Isidore, il estime qu’il y a plus de 50 familles récoltant de l’eau d’érable pour en faire du sirop.
Charles-Eugène me dit qu’après la saison du sirop d’érable, il fait un peu de sirop d’érable mélangé à du sirop de merisier, car il possède quelques-uns de ces arbres sur sa propriété.
En le quittant, j’ai le bonheur de recevoir une bouteille de sirop pour le goûter chez moi!
Le lendemain matin, ma famille et moi faisons des crêpes et goûtons au sirop. Délicieux!