Nous sommes à la veille du premier grand rendez-vous estival et de l’évènement sportif majeur de l’archipel de Saint-Pierre et Miquelon: Demain, 23 juin, à 13h, sur la dune de Langlade, un coup de fusil lancera le départ de la course des 25 kilomètres de Miquelon. Ce sera la 35ème édition de cet évènement sportif, né en 1984, dont personne n’aurait pensé qu’il allait durer aussi longtemps et, surtout, prendre une telle ampleur!
Une course majeure…
En 1984, il y avait 124 personnes sur la ligne de départ, toutes de l’archipel. La majorité des gens inscrits (pour ne pas dire tous!) n’étaient pas formés à la course, ils le faisaient pour s’amuser. On peut dire, sans se tromper, que l’intérêt actuel des gens de Saint-Pierre et Miquelon pour la course à pied, les marathons, triathlons et autres courses de l’extrême, remonte à la première édition de ce qu’on appelle tout simplement dans l’archipel “les 25 kilomètres”.
L’intérêt pour la course ne s’est jamais démenti; à tel point, que le comité organisateur se garde bien de promouvoir activement la course de peur de devoir restreindre les inscriptions. C’est le bouche à oreilles qui fait son oeuvre, amenant des participants de partout dans la région, tout spécialement de Terre-Neuve-et-Labrador, et parfois de bien plus loin encore.
Le record de participation a été battu en 2008 avec 540 inscrits! Il y en aura 316 l’années suivante et 425 en 2013; fort heureusement pour les organisateurs, on est revenu, ces dernières années, à une participation plus gérable d’environ 200 coureurs.
C’est qu’il faut acheminer tout ce beau monde jusqu’à la ligne de départ sur la dune de Langlade. Certains arrivent directement sur place où le débarquement se fait en zodiac, d’autres arrivent en traversier jusqu’à Miquelon et sont conduits par autobus jusqu’à Langlade.
Une course régionale
Cette année, le comité organisateur annonce 65 inscrits en provenance de la capitale et du centre de l’île de Terre-Neuve. Parmi cette délégation se trouve une participante hors norme: Florence Barron, de Saint-Jean, qui en sera cette année à sa troisième participation aux 25 kilomètres de Miquelon; Par contre, elle sera dans une classe à part, seule participante de l’histoire de la course dans la catégorie Femmes Vétéran 5, c’est à dire âgées de 80 ans et plus. L’an dernier, elle a amélioré son temps de plus de 15 minutes et établi le record de la catégorie Vétéran 4, il faudra la suivre de près cette année.
Une activité pour tous
Outre les sportifs de haut niveau pour qui cette course est une incontournable, au même titre que la course du Tely Ten de St.Jean de Terre-Neuve, par exemple, les 25 kilomètres sont aussi ouverts à ceux et celles qui souhaitent faire le parcours de façon plus relax… en marchant ou à vélo. Il faut dire que le parcours lui-même vaut l’effort: la route commence sur la terre battue avant de continuer sur le bitume. Elle est principalement plate et serpente le long de la mer et du Grand Barachois, sous l’œil intrigué des chevaux sauvages qui, de temps à autres, suivent les coureurs.
Chaque année environ la moitié des gens inscrits sont là pour le plaisir, pas pour le classement. Ce fut mon cas, une fois (j’ai encore mal aux jambes rien qu’à y penser!) et je n’ai pas honte de dire que je suis arrivée LA dernière en 4h20 – soit 20 minutes après l’arrêt de l’homologation officielle. Tous les participants qui arrivent sous la barre des 4 heures se méritent un cadeau (cela va d’un beau trophée, à un bouquet de fleurs, à un certificat de participation), vu mon temps, vous comprendrez que je n’ai rien reçu du tout pour marquer ma bravoure.
Après l’effort, le réconfort
Par contre, ce que tous les participants reçoivent, peur importe leur classement (ou pas!) c’est un billet d’entrée pour la fête de l’amitié qui suit la course et la remise des prix. Certains vous diront que c’est la raison de leur inscription mais les coureurs les plus professionnels attendent aussi le soir avec impatience.
L’équipe de bénévoles qui organise la course, offre en effet un repas de type Méchoui – agneau rôti à la broche, saucisse merguez et vin rouge – avec animation musicale et bal jusqu’à la fin de la nuit. Comme tout le monde prend part à la fête, coureurs, marcheur et bénévoles, on dépasse largement mille personnes à cette soirée, soit bien plus de monde que le village de Miquelon tout entier (700 âmes environ).
Une organisation sans égal
Accueillir dans un village de cette taille ces centaines de coureurs, de marcheurs, de cyclistes relève d’un exploit à part entière: il faut organiser la course dans les meilleures conditions, offrir des points d’eau, des toilettes portables, assurer la sécurité des concurrents, garantir l’exactitude du chronométrage et s’assurer que personne n’est abandonné en route. Si je vous mentionne ce dernier détail, c’est qu’étant arrivée dernière j’ai eu le privilège d’être accompagnée par un gendarme et un médecin durant les 5 derniers kilomètres de mon chemin de croix.
Une fois la compétition terminée, il faut nourrir la foule, s’assurer que tout le monde s’amuse bien et que chacun a un endroit pour dormir. Comme il n’y a que quelques chambres d’hôtel ou chambres d’hôtes à Miquelon, il faut trouver des solutions: Les organisateurs disposent donc de 120 lits de camp mis à la disposition de ceux et celles qui ont pris la précaution de se munir d’un sac de couchage, le reste des gens trouvent à se loger dans la famille, chez des amis ou chez l’habitant.
Reste la météo, seule inconnue du jour qui dépasse les talents des organisateurs. C’est elle qui détermine si des records risquent d’être battus (fera-t-il trop froid? trop chaud? Le vent sera-t-il de face ou non?). Peu importe, on sait d’avance que tout se terminera dans la bonne humeur. On souhaite donc bonne chance aux participants et bon courage aux bénévoles.
À vos marques, prêts, partez!