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Le Musée des beaux-arts Beaverbrook, situé à Fredericton au Nouveau-Brunswick, est un véritable bijou. Il a été fondé en 1958, à l’initiative de Max Aitken (1879-1964), 1er baron de Beaverbrook. Ce richissime homme d’affaires et politicien canadien-britannique, dont la famille s’est établie à Miramichi dans les années 1880, émigre en Angleterre en 1910, où il est élu député conservateur et devient un magnat de la presse londonienne. Grand amateur d’art, il a légué au Musée Beaverbrook pas moins de 85 tableaux qui enrichissent toujours la collection permanente.

 

Un voisin hors-normes : Salvador Dali

Les différentes collections de cette institution sont impressionnantes et comportent plus de 7000 œuvres. En plus d’une imposante sélection d’art britannique, de l’ère élisabéthaine jusqu’au XXe siècle, on y retrouve plusieurs œuvres d’artistes canadiens, québécois et acadiens.

Les métiers d’art, l’art populaire et l’art autochtone de l’Atlantique y sont également représentés.

La collection internationale, pour sa part, s’étend sur 600 ans de pratique artistique en France, en Italie, en Espagne, aux Pays-Bas et aux États-Unis.

L’œuvre la plus prestigieuse du Musée Beaverbrook est sans contredit l’immense tableau Santiago El Grande du peintre surréaliste catalan Salvador Dali, achevé en 1957.

Une salle lui est maintenant dédiée depuis l’ajout d’une aile de 1 300 m2, inaugurée en 2017.

Le pavillon abrite non seulement la salle réservée au grand Dali, mais aussi une aire ouverte de grande dimension dont les fenêtres hautes de 6 mètres laissent pénétrer la lumière du jour. On y présente des expositions d’artistes contemporains, mais aussi des spectacles de musique et autres événements culturels.

Entre ce grand espace multifonctionnel et la salle Dali, il y a une antichambre où est présentée Corneilles: Noir sur blanc, mon exposition de photographies. D’un seul regard, on peut admirer le chef-d’œuvre Santiago El Grande et se laisser porter par la grâce de mes oiseaux noirs sur fond de neige blanche. Quel vertige!

toile de Dali et corneilles musee beaverbrook fredericton

Dali et mes corneilles.
Crédit photo : Julie D’Amour-Léger


Ici, l’Acadie

À l’étage inférieur se situe un autre lieu d’exposition et aussi un atelier réservé aux résidences d’artiste. Le Musée Beaverbrook m’y a accueillie durant trois semaines en tant qu’artiste en résidence, me permettant ainsi de travailler sur mon projet de livre sur « Le monde des pêches » (ndlr : dont vous avez eu un aperçu ces derniers mois au fil des articles parus dans lheuredelest.org) Il me fallait faire une sélection parmi les milliers de photographies prises entre 2020 et 2022, lors de mes différentes expéditions de pêche.

J’en ai retenu 200 qui, je l’espère, feront bientôt l’objet d’une publication. Je prépare également une exposition qui sera présentée, en premier lieu, à la Galerie Bernard-Jean de Caraquet, en novembre 2023.

Ce projet sur les pêches suscite l’intérêt de bien des gens. Lors de ma résidence artistique, j’ai eu de nombreux échanges avec les visiteurs sur le sujet. J’avais étalé quelques centaines de photos 4 x 6 sur des tables, afin de montrer la diversité des techniques de pêches, le travail exigeant des pêcheurs et des pêcheuses, ainsi que la beauté saisissante de ce déploiement dans notre environnement maritime. Les encouragements furent nombreux et m’ont fait ressentir l’importance, voire l’urgence, de documenter ce mode de vie indissociable de notre culture acadienne.

scene de peche aux crevettes

Un extrait de la série pêche : la pêche aux crevettes.
Crédit photo : Julie D’Amour-Léger

Quand le besoin d’une pause se faisait ressentir, je déambulais dans le musée, m’arrêtant pour photographier des œuvres qui m’interpellaient particulièrement. Mon coup de cœur est allé à une corneille faite à partir de pneus recyclés, gisant à l’extérieur du musée, que je pouvais apercevoir de mon atelier. Je l’ai photographiée un jour de verglas et de grésil. Cela lui allait bien.

art recyclé

La corneille en pneus recyclés de Gérald Beaulieu (Île-du-Prince-Edouard)
Crédit photo : Julie D’Amour-Léger

J’ai aussi découvert Fredericton, une grande/petite ville au milieu d’arbres centenaires séparée par la rivière Saint-Jean. J’ai sillonné ses rues, traversé le pont piétonnier pratiquement tous les jours et apprécié l’art de vivre de notre capitale provinciale. J’y reviendrai de temps à autre pour revoir le musée, retrouver Fredericton et marcher sur le pont en d’autres saisons.

Pont piétonnier, crédit photo Julie D’Amour-Léger

Mon projet « Le monde des pêches » a reçu le soutien d’ArtsNB à trois reprises, dont deux en résidence artistique sur des bateaux de pêches et une à la création, pour travailler sur un livre. Le Musée Beaverbrook m’a permis de vivre une extraordinaire aventure en m’accueillant dans son enceinte si inspirante. Mon exposition « Corneilles : Noir sur blanc » est présentée jusqu’au 28 mai. Ma reconnaissance, elle, est éternelle !

Julie D'Amour-Léger

Julie D’Amour-Léger est née à Caraquet, au Nouveau-Brunswick. La photographie a toujours fait partie de sa vie, elle y a consacré ses études et en a fait sa profession, principalement dans le milieu du cinéma et de la télévision. Après avoir vécu vingt-deux ans à Montréal, elle revient vivre en Acadie en 2007. Parallèlement à ses activités professionnelles, Julie D’Amour-Léger poursuit différents projets photographiques en lien avec son environnement immédiat. Récipiendaire de deux bourses en résidence artistique d'ArtsNB (2021 et 2022) et d’une bourse du Ministère du Tourisme, Patrimoine et Culture du Nouveau-Brunswick (2021) pour son projet Le monde des pêches, elle a poursuivi ses résidences artistiques sur différents bateaux de pêches durant ces deux dernières années. Elle veut ainsi rendre hommage aux travailleurs de la mer et témoigner de ce qui fait battre le cœur des régions maritimes. L’Heure de l’Est vous invite à suivre Julie dans cette aventure fascinante et à découvrir Le monde des pêches à travers son regard.

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