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Quand les cours d’eau, les lacs, les étangs et même les baies de notre région sont recouverts de glace, commence une autre sorte de pêche souvent dite “pêche blanche” ou encore “pêche au trou”. Suivez notre merveilleuse collaboratrice-photographe, Julie D’Amour-Léger, à la découverte de la pêche à l’anguille sous la glace.

pêche à l'anguille

Charles, Étienne et Aubé et leur fouine de 7 mètres

La pêche à l’anguille sur glace est un loisir pratiqué par les inconditionnels de ce poisson aux allures de serpent.  Elle est permise du 1er décembre au 31 janvier, mais encore faut-il que la glace soit au rendez-vous.

Cette année, c’est plutôt vers la fin du mois de décembre que nos trois pêcheurs, Aubé Chenard, Charles Mainville et son frère Étienne, ont pu commencer à pêcher.

Une espèce au long cours

Pêche à l'anguille

Anguilles d’Amérique

L’anguille est une espèce indicatrice de la bonne santé de l’écosystème où elle habite.  On la retrouve en eau douce, salée ou saumâtre.  C’est un poisson migrateur qui fraye et se reproduit uniquement en eau salée, dans une zone spécifique de l’océan Atlantique : la mer des Sargasses.  C’est là que commence et se termine son cycle de vie.

 

À leur naissance, les anguilles dérivent sous forme de larve grâce au Gulf Stream (courant nord-atlantique) pendant 7 à 12 mois.  Elles se transforment progressivement en poisson longiforme au fur et à mesure qu’elles se rapprochent des côtes, un voyage qui peut durer de trois mois à quelques années, selon la destination.

La durée de vie d’une anguille dépend de son environnement et peut varier entre 9 ans en eau salée et 50 ans en eau douce.  Vers la fin de sa vie, elle entreprend le long voyage de retour vers le lieu de sa naissance où elle va frayer et mourir.  (Source : Fédération canadienne de la faune).

Il faut la technique!

pêche à l'anguille

Charles Mainville pique à l’aveugle à travers la glace

Aubé, Charles et Étienne pêchent en eau douce, sur la rivière Caraquet.  Munis de fouines dont la longueur varie selon la profondeur de l’eau – elles peuvent mesurer de 5 à 8 mètres – ils piquent le fond vaseux à l’aveugle en tournant autour d’une découpe triangulaire percée dans la glace à la scie mécanique.  Le triangle est tout aussi efficace que le carré et ne demande que trois coupes, me font remarquer les trois comparses.

Pêche à l'anguille

Aubé Chenard, dans le feu de l’action

Après avoir bien tourné autour du trou et capturé ce qui se dissimule au fond, on en perce un autre et la danse recommence.  Le trio s’active ainsi pendant quelques heures, faisant preuve d’une grande agilité. On parle peu mais la bonne humeur règne.

Au retour de la pêche, en marchant sur la rivière, Aubé et Charles me racontent en rigolant la fois où ils ont passé au travers de la glace la même journée alors qu’ils ne pêchaient même pas ensemble. Ça me donne froid dans le dos!

L’art et la manière

Aubé est un « fouineux », il fabrique lui-même les têtes de fouine (indispensables à la pêche à l’anguille) depuis une quarantaine d’années, un savoir-faire hérité de son père Armand qui était pêcheur et constructeur de bateaux.

Pêche à l'anguille

Tête de fouine fabriquée par Aubé Chenard et le trou pour pêcher

Aubé a développé sa propre technique au fil du temps :  il utilise de la ferraille, comme des contours de matelas, qu’il plie et qu’il soude pour former un harpon à six pointes séparées par un doigt qu’il fixe aux longues tiges en bois de pruche ou de sapin.

À bien y penser, le verbe fouiner vient sûrement de la pêche à l’anguille! (Note: en fait, le verbe “fouiner” vient de “fouine”, un animal qui fouille la terre avec son museau. Dans les endroits où le “furet” est plus courant que la fouine, on dit “fureter” pour “fouiller”)

Toujours des quotas

Pêche à l'anguille

Étienne Mainville tient une anguille au bout de sa fouine

Chaque pêcheur a droit à 10 anguilles par jour, peu importe la longueur.  Afin de protéger la ressource, aucune remise à l’eau n’est permise donc chaque prise compte, même les petites.  La pêche à l’anguille sur glace n’est pas commerciale et est autorisée seulement pour la consommation personnelle du pêcheur.

 

Gastronomique, l’anguille!

pêche à l'anguille

Aubé Chenard et ses 10 anguilles du jour

L’anguille est un mets de choix qui ravit les connaisseurs.  Personnellement, je n’en ai jamais mangé et je me rappelle mon haut-le-cœur quand mon père en rapportait à la maison. Maintenant que je connais mieux la bête, je serais prête à y goûter une fois déposée dans l’assiette.

Au nord-est du Nouveau-Brunswick, on la consomme en pâté, en pot-en-pot, bouillie, ou encore fumée.  On en retrouve aussi en sushi au meilleur restaurant japonais du coin!

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Julie D'Amour-Léger

Julie D’Amour-Léger est née à Caraquet, au Nouveau-Brunswick. La photographie a toujours fait partie de sa vie, elle y a consacré ses études et en a fait sa profession, principalement dans le milieu du cinéma et de la télévision. Après avoir vécu vingt-deux ans à Montréal, elle revient vivre en Acadie en 2007. Parallèlement à ses activités professionnelles, Julie D’Amour-Léger poursuit différents projets photographiques en lien avec son environnement immédiat. Récipiendaire de deux bourses en résidence artistique d'ArtsNB (2021 et 2022) et d’une bourse du Ministère du Tourisme, Patrimoine et Culture du Nouveau-Brunswick (2021) pour son projet Le monde des pêches, elle a poursuivi ses résidences artistiques sur différents bateaux de pêches durant ces deux dernières années. Elle veut ainsi rendre hommage aux travailleurs de la mer et témoigner de ce qui fait battre le cœur des régions maritimes. L’Heure de l’Est vous invite à suivre Julie dans cette aventure fascinante et à découvrir Le monde des pêches à travers son regard.

One Comment

  • Louise Duguay dit :

    Bravo! Les photos sont magnifiques tout autant que les sujets d’ailleurs. Fascinant de découvrir les secrets de la pêche de ces poissons qui ont fait parti de nos vies depuis notre enfance. Un petit joyau ce projet, bonne continuation!!!

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