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Carnets de voyage

Devant la beauté d’un lieu, d’un paysage, d’un évènement, certaines personnes saisissent leur téléphone, leur appareil photo; d’autres remarquent les détails: les odeurs, les bruits, les tonalités de couleur, certains prennent des notes dans un calepin, voire sur une serviette en papier.

Et puis, il y a celles et ceux qui sortent de leur sac un carnet, un crayon, un pinceau, quelques aquarelles et qui fixent l’instant par un dessin. Nous vous avons déjà parlé d’un de ces artistes de notre région, natif de Saint-Pierre et Miquelon, Patrick Dérible

Aujourd’hui laissez-nous vous présenter, Marie Stamp, de Saint-jean de Terre-Neuve, une de ces artistes qui immortalisent le moment avec un crayon et des aquarelles, en bien moins de temps qu’il ne me faut pour écrire cet article.

Présentations

Marie Stamp est une “towny”, dit-on ici, soit une native de la ville de Saint-Jean. Elle est de ces élèves qui ont aimé très tôt la langue française à l’école, qui ont eu à cœur de l’apprendre et qui la parlent depuis fort longtemps avec une aisance et un accent remarquables.

Comme tant d’élèves de Terre-Neuve-et-Labrador, Marie a d’abord étudié le français à l’Institut Frecker de l’Université Memorial à Saint-Pierre et Miquelon, avant de passer un an au Lycée de Saint-Pierre. Suivirent quelques années d’études littéraires françaises à Montréal pour approfondir encore plus la langue de Molière avant de s’établir en Europe.

Le goût du dessin

Amoureuse du dessin depuis sa plus tendre enfance  – elle faisait les affiches de pièces de théâtre pour son école – lorsque la vie l’a emmenée à Reims, Marie en a profité pour étudier un an aux Beaux-Arts.

 

Installée ensuite à Dublin, elle se lance d’abord dans l’art botanique avec la Société des artistes botanistes d’Irlande.  C’est une discipline très exigeante puisqu’il s’agit de l’illustration scientifique des plantes.

Ça a été une discipline thérapeutique pour moi, parce qu’elle exige une grande concentration, une sorte de contemplation

Les carnets de voyage

Assez rapidement, Marie se met à la recherche d’une forme d’expression artistique plus souple et techniquement moins contraignante.

carnet de voyage

Le parc Bowring, à Saint-Jean de Terre-Neuve avec commentaires et impressions de l’artiste

Elle se tourne alors vers le carnet de voyage, une pratique artistique très populaire depuis le XIXème siècle et pratiquée par de grands artistes comme Eugène Delacroix ou aujourd’hui par le navigateur Tituan Lamazou: des dessins croqués sur le vif, parfois quelques réflexions, quelques notes et le tour est joué.

Avide voyageuse, c’est la forme d’art idéale pour Marie. C’est à Rome qu’elle se lance la toute première fois. Elle y est retournée bien des fois depuis. Pour profiter de ses croquis réalisés là-bas, rendez-vous sur son compte Instagram Rome Plein Air .

L’artiste a besoin de bien peu de choses: un carnet, un crayon, une gomme, une règle, des aquarelles et un pinceau (celui sur la photo ci-dessus a même la particularité de contenir sa petite réserve d’eau!).

Comment ça se passe

Je suis invitée à la suivre. Nous nous rendons dans le petit village de Quidi Vidi, à Saint-Jean. Il fait froid, humide, l’atmosphère est un peu plombée, mais on ne dessine pas que sous le soleil!

Un peu de prospection et la scène est choisie:

Marie s’installe, j’observe. Elle sort sa petite trousse, ouvre son carnet. Une page est prête, bordée de papier adhésif amovible pour préserver un pourtour blanc sur lequel elle pourra inscrire le lieu, la date et sa signature.

Rapidement, elle trace les premiers éléments, corrige, rectifie, efface et reprend le trait.

Petit à petit, la scène s’impose sur le papier.

20 minutes plus tard, les doigts engourdis par le froid, la session extérieure est terminée.

On n’est pas en Italie, la portion aquarelle se fera plus tard, au chaud à la maison!

Et voici le résultat!

 

Sur la page de gauche, Marie a noté l’atmosphère du lieu, le froid, l’humidité, ses doigts engourdis et le plaisir de ma compagnie (c’est gentil!).

Une vaste confrérie

L’art du carnet de voyage a beaucoup d’adeptes dans le monde et il existe une association internationale qui les regroupe: Urban Sketchers.

1. Nous dessinons in situ, en intérieur ou en extérieur et croquons sur le vif. 
2. Nos dessins sont les témoins de notre quotidien et de nos voyages.
3. Nos dessins représentent des archives de lieux et d’instants.
4. Nous sommes fidèles aux scènes que nous voyons. 
5. Nous utilisons tout type de techniques et apprécions la diversité de nos styles. 
6. Nous nous soutenons, aidons, et encourageons les uns les autres et dessinons en groupe. 
7.Nous partageons nos dessins en ligne. 
8. Nous montrons le monde de dessin en dessin.
Marie est membre des Dublin Sketchers et gère leur page Instagram Dublin Sketchers. Une fois par semaine, les membres se retrouvent dans un endroit public, dépendant du temps en extérieur ou à l’intérieur, et dessinent. À la fin de la session, tous les carnets sont mis par terre et chacun est libre de regarder le travail des uns et des autres. Après quoi, on va boire un coup au pub!
Ce qui est merveilleux, surtout pour quelqu’un qui voyage seul, c’est que où que vous soyez au monde, s’il existe un groupe de Urban Sketchers, vous serez accueilli comme un ami!

Urban Sketchers chez nous ?

Y a-t-il des dessinateurs urbains dans notre région? l’Heure de l’Est est allé aux nouvelles: Maigre!! Il y en a un seul dûment homologué, à Fredericton, et un autre, possiblement, à Halifax.

Pourtant ce ne sont pas les artistes qui manquent, alors, nous on lance l’idée… juste comme ça!

(Vous utilisez Pinterest? Merci d’épingler)

Françoise Enguehard

Native de Saint-Pierre et Miquelon, Françoise est établie à Saint-Jean de Terre-Neuve depuis plus de quarante ans. Journaliste (anciennement à Radio-Canada, aujourd’hui chroniqueuse pour l’Acadie Nouvelle) , auteure reconnue, bénévole de la communauté francophone de l’Atlantique (Présidente de la Société Nationale de l’Acadie de 2006 à 2012 et de la Fondation Nationale de l’Acadie depuis 2014), elle connaît intimement la région de l’Heure de l’Est, ses gens et les défis qu’ils relèvent au quotidien. Femme d’affaires, elle dirige VIVAT Communications, une firme spécialisée dans la traduction et les communications.

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