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Église Sainte-Cécile

Il était une fois, dans le minuscule village de Petite Rivière de l’Île, à l’île Lamèque, au Nouveau-Brunswick, un curé de campagne qui se désolait du manque de vitraux dans sa belle église Sainte-Cécile. “Ça manque de couleurs”, trouvait-il.

Naïf flamboyant

Arrivé dans la la paroisse en 1966, le Père Gérard d’Astous, originaire de la région de la Matapédia au Québec, se mit à chercher une solution abordable pour donner de la couleur à son église. Deux ans plus tard, avec l’aide de deux enfants de choeur, il se mettait au travail pour peindre entièrement l’intérieur de l’église, du porche jusqu’aux fins fonds du choeur, dans un style qu’on pourrait qualifier de naïf flamboyant.

Une oeuvre réfléchie

Église Sainte-Cécile

Ne croyez pas que le Père d’Astous se lança dans l’aventure à l’aveuglette, pas du tout! Son concept était entièrement raisonné: du vert (représentant la terre), du bleu (pour les cieux) en tons plus sombres dans le bas du bâtiment puis s’éclaircissant à mesure que l’œil s’élève vers le haut, pour symboliser le trajet vers la perfection céleste.

Il ajouta à ces couleurs des symboles religieux: cloches, notes de musique, calices, croix et grappes de raisins, cierges, placés dans certains endroits stratégiques comme la nef, le jubé, le sanctuaire. Et pour bien illustrer pour ses paroissiens la fête qui les attendait au ciel, il y ajouta des symboles festifs: notes de musique, ballons et gâteaux de fête.

 

Église Sainte-Cécile

Vous vous en doutez, avant de se lancer, avec ses deux assistants, dans la tâche proprement dite, le Père d’Astous pratiqua abondamment et il choisit de le faire dans les moindres recoins des escaliers latéraux menant au jubé. Si un des escaliers a été modernisé, il en reste un qui témoigne de l’application du curé. 

Entre le 11 novembre 1968 et la fin décembre de la même année, la presque totalité de l’église était peinte. En fait, le curé se chargea tout seul du reste de la tâche, puisque la petite histoire précise que les deux jeunes enfants de choeur durent laisser le chantier pour partir étudier.

Une église-bonbonnière

Le résultat de toute cette explosion de couleurs et de motifs donne l’impression aux visiteurs d’être tombé dans une bonbonnière, mais il se dégage aussi du lieu une impression de joie simple, d’allégresse terrestre, si on peut dire, qui met immanquablement un sourire sur toutes les lèvres.

Rien n’a été oublié: les radiateurs sont peints de multiples couleurs pour se fondre dans le décors, des arabesques ornent le rebord des fenêtres et, détail amusant, au-dessus de la niche où trônent Saint-Joseph et la Vierge Marie, le curé à écrit “Joseph” et “Marie”, comme s’il craignait que quelqu’un ne se trompe devant les deux statues…

Du travail bien fait

Le père d’Astous voulait donner de la couleur à son église et il y est parvenu de façon magistrale. En fait, son oeuvre a fait du sanctuaire une des grandes vedettes du circuit touristique de la péninsule acadienne, ce dont le curé serait sans doute très fier. On s’y presse de partout pour admirer les couleurs et la créativité d’un homme qui n’a pas eu peur de prendre des moyens simples et de se retrousser les manches pour illustrer sa foi et honorer ses paroissiens.

“La peinture de l’église n’a pas été touchée depuis sa réalisation, il y a 50 ans,” m’a expliqué, fièrement, une des bénévoles qui travaille dans l’église, c’est dire que le Père d’Astous a fait du beau travail.

L’Église Sainte-Cécile de Petite Rivière de l’Île sert aussi de salle de concert principale, tous les étés, depuis 1975, pour le Festival International de musique baroque de Lamèque (on vous en parlera bientôt), offrant aux musiciens un écrin incomparable pour leur musique et une acoustique hors pair.

 

 

 

 

 

Françoise Enguehard

Native de Saint-Pierre et Miquelon, Françoise est établie à Saint-Jean de Terre-Neuve depuis plus de quarante ans. Journaliste (anciennement à Radio-Canada, aujourd’hui chroniqueuse pour l’Acadie Nouvelle) , auteure reconnue, bénévole de la communauté francophone de l’Atlantique (Présidente de la Société Nationale de l’Acadie de 2006 à 2012 et de la Fondation Nationale de l’Acadie depuis 2014), elle connaît intimement la région de l’Heure de l’Est, ses gens et les défis qu’ils relèvent au quotidien. Femme d’affaires, elle dirige VIVAT Communications, une firme spécialisée dans la traduction et les communications.

2 Comments

  • Gilles POTIER dit :

    Belle histoire qui m’évoque l’église de Mesnil-Gondouin en Normandie, en France (voir Internet, ça vaut le coup d’oeil).
    Pour en revenir à l’église Ste-Cécile de cet article, on peut remarquer avec Internet, que les parties hautes des grandes verrières ont reçu également une touche de couleur (voir aussi l’oculus coloré à l’entrée). Belle harmonie que tout cela !

  • Lucie LeBouthillier dit :

    J’adore l’article sur l’église de Sainte-Cécile de Françoise, comme à l’habitude, elle a pu transmettre la vision de son créateur, les émotions que ça suscitent et la joie de vivre qui se dégage de ce trésor unique, de notre patrimoine religieux, ancré dans nos magnifiques communautés acadiennes.

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