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Quand notre région passe au numérique, au multimédia et à la technologie moderne pour s’exprimer, cela donne des résultats très intéressants. Nous vous avons déjà présenté l’exposition immersive MR21 de la Cathédrale de Moncton, aujourd’hui nous allons plus loin encore avec un tout nouveau spectacle immersif à Bouctouche, Nouveau-Brunswick.

Du nouveau au pays de la Sagouine

Situé à Bouctouche, dans le sud-est du Nouveau-Brunswick, le Pays de la Sagouine a accueilli plus de 1,5 million de visiteurs depuis son ouverture en 1992.

Afin d’insuffler un vent de renouveau à ce site, créé autour du personnage le plus célèbre de l’écrivaine Antonine Maillet, un sentier lumineux de 1,5 km a été inauguré l’année dernière, invitant les visiteurs à découvrir l’Acadie autrement.

Le Pays de la Sagouine a fait appel à la firme Moment Factory, une société multimédia québécoise de renommée internationale, dont Akadi Lumina est le 18e parcours nocturne et le premier au Canada Atlantique. Cette promenade immersive a déjà attiré plus de 50 000 visiteurs depuis son ouverture en août 2023, et l’on s’attend à une fréquentation accrue dans les années à venir.

Un parcours initiatique

Les expériences immersives sont très populaires auprès du public car elles permettent de magnifier une proposition culturelle par un ingénieux mélange de son et de lumière.

La préparation d’AKADI LUMINA a demandé plusieurs mois et la participation d’une centaine de créateurs, menés de main de maître par l’équipe de Moment Factory.

Le parcours

Ce parcours nocturne est jalonné de neuf stations dont la première nous invite à écrire sur un tableau notre prénom et celui d’un de nos parents, comme le veut la tradition acadienne si bien évoquée dans la chanson Le monde de par chez nous d’Angèle Arsenault.

Viennent ensuite les Villages, composés de petites maisons blanches dont la luminosité variable guide notre écoute vers les bribes de conversations familiales venant de l’intérieur.

Akadi Lumina

En arrivant à Déchirements, l’écriteau 1755 fait tout de suite référence à la Déportation des Acadiens. Sous cette date fatidique, on ordonne aux visiteurs de se séparer arbitrairement comme ce fut le cas des familles éparpillées lors du Grand Dérangement.

En traversant cette station aux éclairages saccadés d’où fusent des échos inquiétants, on peut imaginer la fuite de nos ancêtres qui ont échappé à l’ennemi en s’enfonçant dans la forêt il y a 270 ans.

Au sortir de ces ténèbres, un reel de violon se fait entendre et nous entraîne vers la Grande tablée, où le party de cuisine bat son plein. Au rythme des pas de gigue, les spectateurs se joignent aux danseurs en tapant du pied sur un dispositif lumineux.

L’étoile qui orne notre drapeau nous est ici offerte sous forme de feu d’artifice hypnotisant qu’on ne se lasse pas de regarder en boucle.

En déambulant sur le Pont chorale, un chant folklorique monte dans la nuit où se profile la ville de Bouctouche, de l’autre côté de la baie.

Le Parle-ouère présente un parterre de petites lumières blanches évoquant les multiples voix d’artistes acadiens qui s’y répercutent au milieu des arbres, créant un espace poétique des plus inspirants.

Akadi LuminaLa projection de L’Arbre maison, où se décline la chanson L’arbre est dans ses feuilles de Zachary Richard, nous ramène à nos racines et à notre histoire.

On y voit apparaître des personnalités incontournables, dont, bien sûr, Antonine Maillet et Viola Léger.

Viola Léger dans le personnage de la Sagouine

Cette dernière nous apparaît également dans le rôle de la Sagouine, qu’elle a interprété près de 3000 fois au cours de sa vie. Elle nous a quitté en 2023, et son âme flotte toujours au-dessus de son pays.

Le dernier tableau, Parmi les possibles, nous enveloppe dans un espace-temps baigné de points scintillants multicolores où l’on évolue comme dans un rêve éveillé absolument merveilleux.

Un pari réussi

Le Pays de la Sagouine a fait preuve d’audace en s’associant à Moment Factory pour créer cette nouvelle attraction touristique qui prolonge les activités ay Pays de la Sagouine du matin jusqu’au soir.

Contrairement à l’animation bouillonnante de l’Île aux Puces, où les visiteurs découvrent les personnages mythiques et pittoresques de l’œuvre d’Antonine Maillet, AKADI LUMINA apporte l’apaisement d’une promenade en forêt nimbée d’effets fantastiques.

Akadi Lumina

Mettant en lumière l’histoire et la culture acadienne, cette expérience n’a rien d’un tourbillon assourdissant. On assiste plutôt à un spectacle subtil alliant les arts à la technologie où l’on prend le temps d’absorber chacune des propositions au milieu de ces arbres qui évoquent autant notre prolongement que nos racines.

Allez à votre rythmeAkadi Lumina

On peut s’attarder aux différentes stations, déambuler tranquillement avec sa famille ou ses amis, sentir les parfums de la forêt et profiter de ce moment privilégié dans la nature tout en vibrant au rythme de la culture acadienne.

Akadi Lumina

On en ressort ébloui par la beauté du spectacle, par les airs de musique et les paroles inspirantes qui résonnent dans l’atmosphère, par ce lien qui se crée entre l’Acadie folklorique et l’Acadie actuelle.

Un supplément d’âme

L’écho du Parle-ouère répercute ces mots d’Édith Butler qui nous habitent bien au-delà de notre visite :

Le sang de mes ancêtres coule dans mes veines, quand je chante, c’est mes ancêtres qui chantent, quand je chante, c’est tout un peuple qui chante.

Eh bien, chantons-la, notre chère Acadie, le cœur enraciné et les yeux tournés vers l’avenir.

Note de la rédaction

Si vous n’avez pas la possibilité d’assister au Congrès Mondial Acadien 2024, en Nouvelle-Écosse, du 10 au 18 août prochain, voici une alternative qui vous garantit une injection de fierté acadienne! Pour tous les détails techniques concernant l’itinéraire pour vous y rendre, le parcours, les prix, l’horaire, l’accessibilité, etc.: AKADI LUMINA

 

Julie D'Amour-Léger

Julie D’Amour-Léger est née à Caraquet, au Nouveau-Brunswick. La photographie a toujours fait partie de sa vie, elle y a consacré ses études et en a fait sa profession, principalement dans le milieu du cinéma et de la télévision. Après avoir vécu vingt-deux ans à Montréal, elle revient vivre en Acadie en 2007. Parallèlement à ses activités professionnelles, Julie D’Amour-Léger poursuit différents projets photographiques en lien avec son environnement immédiat. Récipiendaire de deux bourses en résidence artistique d'ArtsNB (2021 et 2022) et d’une bourse du Ministère du Tourisme, Patrimoine et Culture du Nouveau-Brunswick (2021) pour son projet Le monde des pêches, elle a poursuivi ses résidences artistiques sur différents bateaux de pêches durant ces deux dernières années. Elle veut ainsi rendre hommage aux travailleurs de la mer et témoigner de ce qui fait battre le cœur des régions maritimes. L’Heure de l’Est vous invite à suivre Julie dans cette aventure fascinante et à découvrir Le monde des pêches à travers son regard.

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