En décembre 1995, à l’unanimité, la Chambre des communes du Canada a reconnu officiellement le mois de février comme le Mois de l’histoire des Noirs au Canada. Pour clore l’édition 2021, notre fidèle collaborateur, Philippe Basque, nous présente le parcours de Max Calixte, originaire d’Haïti.
J’ai connu Max lors d’événements patrimoniaux organisés à Tracadie. Lors d’une activité dans le cadre de la semaine du patrimoine du Nouveau-Brunswick en 2019, j’ai ensuite entendu sa présentation sur la culture et l’histoire de son pays d’origine à la Bibliothèque publique et de Généalogie Tracadie. Il était vraiment intéressant et c’est après cette soirée-là que je me suis intéressé à son parcours de vie.
Haïtien, je suis
Max voit le jour à Cap-Haïtien en 1939. C’est là qu’il grandit. Contrairement à l’Acadie, les rues de cette ville sont bien définies: la ville est quadrillée d’est en ouest, les rues numérotés de 1 à 90 et de A à P du sud au nord. Max habite sur la rue 17F.
Alors qu’il me raconte les détails de son enfance, je me rends compte que finalement, les Acadiens et les Haïtiens vivaient dans des conditions de vie similaires au cours des années 1930 et 1940. Mis à part qu’en hiver au Canada, il fait très froid!
L’une des similitudes entre les deux cultures est la fréquentation de l’église paroissiale. Dans le cas de Max, il vivait près de la cathédrale Notre-Dame-du-Cap-Haïtien. Sa mère se levait tôt pour assister à la messe tous les matins. Quand Max a été en âge de servir la messe, il assistait à celle de 4 h le dimanche. Lui et ses deux frères étaient servants de messe, enfants de chœur, si vous préférez.
La cathédrale était toujours bondée et à la sortie de l’église, des marchandes de pâtés chauds, un mets typiquement haïtien, criaient à la foule : « pâtés chauds, pâtés chauds »!
Sur ce dernier point, c’était et c’est encore bien différent de l’Acadie. Ici, à la sortie de la messe dominicale, il n’y a personne pour vendre des grignotines!
Les enfants jouaient entre eux dans les rues : à la marelle, à cache-cache, à la course à pied et à la corde à sauter. Ils étaient la plupart du temps pieds-nus, comme les Acadiens et les Acadiennes durant l’été.
Le soir après le souper, on se réunissait pour se faire raconter des histoires et des contes, tout comme en Acadie.
On disait qu’on « se fait tirer des contes et des légendes à frissonner de peur »!
L’exode
À partir de 1964, tout commence à tourner mal quand le président à vie, François Duvalier, chasse du pays des étudiants, des profs, des médecins, des avocats, bref tous les intellectuels qui peuvent lui porter ombrage. L’année suivante, Max décide de quitter son pays qu’il aime.
Tous ces préparatifs se font presque clandestinement. Ne rien laisser transpirer de ses intentions, n’en parler à personne. Les murs ont des oreilles. Après bien des péripéties, Max arrive à Trois-Rivières, grâce à des bienfaiteurs québécois qui cautionnent son voyage. Inscrit à l’Université, il obtient son diplôme en 1968.
À la recherche d’un bon emploi, le père Léon Robichaud, rencontré à l’université, lui parle de la Péninsule acadienne et d’une possibilité d’emploi en enseignement.
Sans hésitation, le père Léon lui prête sa voiture et lui remet une lettre de référence à transmettre à Jaddus Chiasson, surintendant du district scolaire de Shippagan. Ne connaissant pas le Nouveau-Brunswick, Max se procure une carte géographique pour se guider. Il doit se rendre à Lamèque. C’est loin!
En route vers l’Acadie
Arrivé à destination, n’ayant pas de postes intéressants à lui offrir, monsieur Chiasson l’informe qu’à Tracadie il y a peut-être un poste vacant. À Tracadie, Max cogne à la porte de Gérald Ferguson, le surintendant du district scolaire. Il lui dit que le directeur de l’école Régionale et son adjoint sont à la bibliothèque de l’école en train de discuter de leur besoin immédiat d’un enseignant de français.
Max trouve les deux hommes, Apollinaire McLaughlin et Aquila Comeau, tout souriants. Ils sont contents d’offrir le poste à Max. nous sommes en août 1969. Encore un autre départ déchirant, laissant derrière des amis attachants! Il emmène avec lui sa copine, Francine Raymond, qui deviendra plus tard son épouse.
La ville de Tracadie lui plaît beaucoup. Son emplacement près de l’eau, la gentillesse des gens rencontrés, leur ouverture d’esprit, tout concourt à faire de cette ville le meilleur endroit à vivre pour lui et sa copine.
Mais un Noir à Tracadie! C’est du jamais vu. Il y a un élan de curiosité, d’admiration et de bonté pour ce nouvel enseignant qu’on voit déambuler dans les rues. Au début, il n’a pas de voiture, mais la dure réalité de l’hiver en Acadie le frappe en pleine figure. Il s’achète une Toyota. Au niveau des élèves, il se développe entre eux et lui une amitié qui perdure encore aujourd’hui.
Profession, enseignant
En 1970, il obtient un poste permanent dans la nouvelle École Polyvalente W.-A.-Losier. Durant sa carrière, il enseigne surtout le français en 11e année et en 12e année. Enseignant très dynamique et captivant, il réussit à faire aimer le français peu importe le niveau d’intérêt de l’élève. Il prend sa retraite après une carrière de 28 ans.
Un Acadien engagé
Max ne manque aucune occasion de se mêler à différentes activités dans la communauté : membre du groupe de lecteurs de la messe dominicale, secrétaire de la Société culturelle des Tracadilles, secrétaire de l’Atelier La Fabrique, secrétaire du Cercle pédagogique No 7 de l’AEFNB, secrétaire de l’Association des enseignants de W.-A.-Losier, rédacteur et éditorialiste du journal des enseignants de la polyvalente, le P’tit prof., bénévole au Festival de la francophonie à Tracadie et au Congrès mondial acadien en 2009.
Max se considère canadien-acadien-haïtien. Ce dernier attribut constitue le fondement de son identité. Haïtien un jour, Haïtien toujours. Même s’il épouse toutes les facettes de vie acadiennes, il n’en demeure pas moins que l’haïtien en lui transcende et s’impose.
Note de la rédaction
On le sait peu mais la présence de la communauté Noire dans notre région remonte à fort longtemps, comme en Nouvelle-Écosse où elle date de la triste période de l’esclavagisme aux États-Unis.
Selon l’historien et ami Georges Arseneault, “en 1881, l’Île-du-Prince-Édouard comptait une population de 171 Noirs et mulâtres.”
Dès que la pandémie nous permettra de voyager, nous vous promettons un article sur le sujet!
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C’était mon professeur de français. Un homme simple, doux, avec toujours un sourire pour nous accueillir. Il rendait le cours de français très agréable. Merci Philippe c’était très intéressant.
bien belle article mais faux pas oublier q,apret 400ans le canada et meme toute l,est du canada a pas pu reconaitre les METIS et pourtan ile son natife du canade
Je suis heureuse de lire cette page documentaire sur Monsieur Max Calixte. Je l’ai rencontré pour la première fois à l’École Régionale de Tracadie, en 1967, où j’étais enseignante. Il était notre voisin, puisque les RHSJ avaient une maison sur la rue de l’Anse, pas loin de chez lui. Monsieur Calixte se distinguait par sa gentillesse, son amabilité et sa facilité d’entrer en relation avec les autres. Quelques années plus tard, j’ai enseigné à ses trois fils à l’École La Ruche, en éducation musicale. Chanceux ces enfants: ils avaient un papa attentif et aimant !
Gisèle Losier, r.h.s.j.
Un des meilleurs professeur que j’ai eu était Max Calixte, gentil, compréhensif et très intéressant dans son cours de français. Il est à mes yeux un vrai Acadien. Merci M. Calixte et bonne chance à vous et votre famille.
Un très bel article. J’ai eu beaucoup de fierté à découvrir ce compatriote. Merci à vous monsieur d’avoir écrit cet article. Merci aux acadiens qui ont acceuilli Monsieur Calixte dans leur “petit coin d’Acadie” comme ils disent et ont su l’apprécier. Enfin merci à vous Monsieur Max Calixte d’etre cet homme décrit par ceux qui vous ont cotoyé. Vous faites honneur à la mère patrie Haïti.
Merci pour cet article! M. Max Calixte a été mon professeur de français en 11e année. Je l’ai beaucoup apprécié. J’ai réalisé, avec cet article, que la couleur de sa peau ne m’avait jamais effleuré l’esprit. Je l’ai toujours vu comme un professeur engagé, intéressé, présent, inspirant et attachant. Il était intégré dans notre communauté. J’espère le croiser lorsque je visiterai Tracadie.
Très bel article. Max est sans aucun doute un homme admiré par plusieurs. 🙂
Quel bon professeur qu était Mr. Calixte, il nous faisait aimer le francais,heureuse qu il a choisi notre belle péninsule acadienne pour y faire son métier.Salutations a vous Mr. Calixte.
J ai toujours aimé cet homme, tres gentil, doux et a l écoute. tres tres bon enseignant.
Très bel article. Un ancien prof que j’ai beaucoup apprécié et qui m’a fait découvrir que j’avais aussi la fibre d’une enseignante.
Professeur très respectueux qui était respecté de tous les élèves. Le temps passait tellement vite en classe, j’en ai que de bons souvenirs.
Bravo pour ce beau texte d’un très bon enseignant.
Cher M. Calixte!!! Le meilleur professeur de français…. et le meilleur professeur tout simplement !
Merci de souligner cet enseignant et ami que j’ai toujours aimé avec une grande admiration. Très intéressant ce documentaire!
Une personne qui possède de très bonnes valeurs et qu’on admire beaucoup! Discipliné, impliqué et toujours accueillant! Très bel article sur Max!
La famille Forbes de Rivière-à-la-Truite qui aime bien Max 🙂
Et oui « enseignant dynamique et captivant » mots qui le décrivent très bien. Pas de doute que c’était sa vocation M. Max. Vous avez fait la différence dans la vie de plusieurs de vos étudiants. MERCI M. Max et bravo pour votre implication dans votre communauté. Vous êtes un très bel exemple ??
Un grand homme j’ai même pris mon Français de 12ème optionnel avec M.Calixte juste parce qu’il est un enseignant hors pair et tellement intéressant il est une personne que j’admire beaucoup ?❤️
Merci de nous partager la belle histoire de M. Calixe. Il a été mon professeur de français que j’ai adoré! C’est une chance pour nous tous les acadiens d’avoir un homme tel que lui! Il m’a déjà dit en classe que je lui faisait penser a sa cousine, ce qui m’avais fait bien rire. Je n’ai malheureusement jamais eu le bonheur de le rencontrer depuis.
J’ai eu le bonheur d’être enseignant à la polyvalente W.-A.-Losier et le privilège de côtoyer Max Calixte comme collègue de travail pendant près de 30 ans. Par sa personnalité joviale, son amour de la langue française et ses grandes qualités de pédagogue, il a su transmettre à ses élèves et à ses collègues l’importance de la rigueur dans l’utilisation quotidienne de notre langue maternelle.
Max était un leader qui influençait par l’exemple. Il a été tout au long de sa carrière un modèle et une référence en matière de compétences pédagogiques. Il était une force tranquille qui savait tirer le meilleur de ses élèves.
Merci Max d’avoir osé venir t’installer en Acadie et d’avoir choisi d’y demeurer.
Quelle chance d’avoir eu un enseignant aussi bon en français. Mr Calixte était un excellent enseignant et une très bonne personne, drôle et cultivé. L’Acadie a besoin de ces immigrants pour l’enseignement du français. Ce fut pour moi une ouverture sur le monde pour une adolescente qui était curieuse de connaître l’extérieur de l’Acadie. Même si je vis à Montréal, je peux vous assurer que les gens du Nouveau-Brunswick n’ont rien à envier ici, les Acadiens de la péninsule ont cette ouverture d’esprit et sont profondément très humains. Comme dirait ma grand-mère, ça prend toute sorte de monde pour faire un monde. Merci d’avoir choisi notre coin de pays mr Calixte.
Bel article et très intéressant, Mr calixte a été mon enseignant de français au secondaire, que j’ai vraiment apprécié . Toujours calme et souriant de ce que je me rappel. Merci pour tout ce que vous avez fait pour nôtre petit coin d’Acadie.
Bravo M.Max Calixte
Il a été mon prof de français à WAL. Un très bon enseignant que lorsque je le vois je suis toujours heureuse de lui parler.
Merci de nous avoir partager son cheminement jusqu’à Tracadie et quelle belle personnalité !
Bien heureuse de l’avoir connu. J’ai toujours adoré l’entendre parlé, j’avais connu plusieurs prêtres d’Haïti et j’aimais tellement les écouter, le bel accent et impressionnée d’entendre parler de leur pays. Merci
Marie-Louise Davidson, ( j’étais étudiante à WAL les années 1983) maintenant marié à Camille Savoie de Pont-Landry.
Quelle belle initiative Philippe, je trouve ton article est très intéressant d’autant plus, qu’il parle d’une personne que j’admire énormément. Il a été mon enseignant de français au secondaire et je peux confirmer qu’il était réellement là pour les jeunes. Il avait réussi à faire l’équilibre entre son rôle d’enseignant et l’homme qu’il était. Mon souvenir le plus marquant de son cours est de l’entendre rire aux éclats.
J’ai encore l’occasion de le croiser ici et là dans nos activités culturelles et c’est toujours un plaisir d’échanger quelques mots.
Merci Max pour ton implication dans notre communauté et merci Philippe pour mettre au jour l’importance d’une communauté diversifiée.
Le documentaire est très bien fait. Monsieur Calixte est un homme de grande sagesse, qui adore la langue française et d’une diction qui me rend jaloux.
un grand homme que ce monsieur Max Calixte; il a été mon professeur de français à ma 12e année; un de mes profs préférés!! on est chanceux d’avoir eu cet homme là dans notre acadie!
Une vision tout à fait inédite pour moi, du parallèle possible entre ces deux populations expatriées.
La pigmentation de la peau diffère ainsi que les conditions climatiques mais les conditions de vie sont d’une similitude que vous avez bien su montrer.
Bravo !