Par une belle soirée de la fin du mois d’août, je suis sortie à la pêche au maquereau avec le capitaine Étienne Lanteigne et ses membres d’équipage Denis, Jacques et René.
Sur une mer d’huile, on a navigué une trentaine de minutes pour se rendre derrière l’île de Caraquet où on a tout d’abord jeté les lignes. Après deux heures de pêche, on décide de se diriger vers Miscou, où, selon un autre pêcheur entendu sur la radio de bord, le maquereau serait plus gros. Et comment!
La pêche au maquereau se pratique essentiellement pour fournir en bouette les pêcheurs de homard. Il n’y a pas de grande demande commerciale pour la consommation de ce poisson pourtant délicieux et riche en valeur nutritionnelle. On en retrouve parfois sur le marché mais c’est encore mieux si on connaît un pêcheur ou si on le pêche soi-même car la pêche au maquereau est aussi un loisir très prisé.
Sur le Nick L. il y a quatre lignes, soit une ligne par pêcheur. Elles mesurent environ 30 pieds (10 mètres) et sont munies de crocs à tous les 6 pouces (15 cm). Ces lignes sont activées à l’aide d’une manivelle, traversent le pont de bord en bord et passent dans deux rouleaux qui les empêchent de s’emmêler. Il n’y a pas d’appât mais les hameçons sont recouverts de plastique aux couleurs vives, ce qui attire le poisson. On laisse descendre la ligne jusqu’au bout et on la remonte en tournant la manivelle. Le maquereau passe dans une boîte de répartition ajustée à la coque du bateau. Celui de bonne taille (au moins 10 1/2po – 25 cm) se heurte à une fente et tombe directement dans un récipient alors que les plus petits passent dans cette ouverture et sont remis à l’eau. On remonte en moyenne une dizaine de poissons à la fois par ligne, ce qui n’est pas si mal. On accumulera cette fois-ci autour de 850 livres (385kg) de maquereau alors qu’on en a déjà pêché près de 5000 livres (2270kg). Il y a de la marge!
Ce qui m’impressionne particulièrement est la présence des fous de Bassan.
Il y en a tellement et ils plongent tout près du bateau pour attraper les maquereaux rejetés à la mer. C’est un spectacle magnifique car ces oiseaux piquent à une vitesse pouvant atteindre les 90km/h. Ils accompagneront le bateau aussi longtemps que durera la pêche, comme si leur appétit n’avait pas de limite. Je ne me lasse pas de les regarder.
Après le coucher du soleil, le maquereau ne mord plus, probablement parce qu’il ne voit plus les hameçons. La pêche n’a duré que quelques heures mais mes pêcheurs sont à l’œuvre depuis bien plus longtemps : ils s’occupent du déchargement des bateaux qui rentrent le matin et aussi de ceux du soir. Ils terminent leur journée en déchargeant leur propre embarcation, vers minuit. Les camions attendent sur le quai, prêts à partir pour la région du sud-est du Nouveau-Brunswick où la pêche au homard bat son plein. On a toujours besoin de bouette fraîche!
Pour ma part, je reviens chez moi avec quelques maquereaux dont je me délecterai le lendemain midi accompagnés de légumes de mon potager. La pêche et la récolte, quelle abondance!