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Le terroir de l’Île-du-Prince-Édouard vient de s’agrandir avec l’arrivée de la Ferme Isle Saint-Jean (ancien nom de l’île lorsque la région était encore française), située dans le petit village de Rustico Nord. La petite communauté francophone locale y a gagné une jeune famille et les gastronomes, des produits laitiers d’exception.

Terroir de l'Île du Prince-Édouard

La famille au complet

Deirdre Doiron native de  Rustico Nord(son ancêtre, Alexis, s’installa dans la région en 1780), et son mari, Gabriel Mercier, natif d’un petit village des Cantons de l’Est au Québec, en sont les heureux propriétaires. Pourtant, rien ne les prédestinait à devenir fermiers. Tous deux étaient dans les Forces Armées canadiennes où Gabriel exerçait un métier aux antipodes de celui de fermier : il était plongeur-démineur. Basé à Halifax (Nouvelle-Écosse), le couple menait une belle vie à laquelle manquait malgré tout, le charme de la vie à la campagne.

 

 

 

 

Un retour aux sources

 

terroir île du Prince-Édouard

Un agneau né cet hiver

Au moment de fonder une famille, le couple décide de laisser la ville, les voyages à travers le monde et la plongée à hauts risques pour une vie plus proche de la terre et de la famille. C’est là qu’un vieux rêve de Gabriel refait surface : devenir fromager, comme son grand-père avant lui. Mais où s’installer? La famille de Deirdre possède encore une petite ferme à  Rustico Nord et cherche à s’en départir, la décision est facile : en 2015, le couple part enrichir le terroir de l’Île-du-Prince-Édouard en y établissant la toute première ferme de brebis laitières.

« C’était notre rêve, de donner à nos enfants une vie de qualité au sein de la famille, de fréquenter une petite école française » expliquent-ils dans la grande cuisine de la maison où le couple vit avec les beaux-parents qui donnent un coup de main à la ferme et avec les enfants. « C’est mieux que de les voir faire une heure et demi d’autobus scolaire par jour et puis la mer est à quelques minutes de voiture, c’est mieux qu’une piscine. »

Un début prometteur

125 brebis de races East Friesen et Lacaune (pour les intéressés de la chose) et 5 boucs m’accueillent dans la bergerie ouverte à tous les vents. Surprise, les brebis ne détestent pas le froid, bien au contraire, elles agnèlent même en janvier et en mars. « Dès que les nouveaux nés sont secs, le froid ne les dérange plus », explique Gabriel . En fait, ce que les animaux craignent c’est l’humidité alors, durant l’hiver, des rideaux sont tendus selon la direction du vent pour empêcher la neige d’entrer dans les enclos.Cette année, entre janvier et mars de cette année la ferme a accueilli près de 200 agneaux tous plus adorables les uns que les autres.

Après deux mois sans traite, les brebis recommencent à produire du lait, une fois puis deux fois par jour. Nourries uniquement au fourrage sec, non fermenté, elles produisent un lait de grande qualité propice à la production de fromage de type basque (genre Osso Iraty), un fromage affiné et goûteux, la grande ambition de Gabriel.  La ferme Isle Saint-Jean produit aussi un yaourt et un fromage à griller de type Haloumi, très prisé des végétariens puisqu’il se cuisine un peu comme le tofu.

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Gabriel et Deirdre en sont à leurs débuts. Ce n’est qu’en été 2016 qu’ils ont commencé à vendre leurs produits qu’ils ne peuvent pas encore produire sur place. La fromagerie de Mathieu Gallant à Mont-Carmel, dans la région Évangéline de l’île, produit le yaourt et le fromage à griller tandis que la Bergerie aux Quatre-Vents au Nouveau-Brunswick fournit le fromage et l’affine dans ses caves durant 5 mois.

Bientôt, Gabriel espère disposer des installations nécessaires pour tout faire sur place, pour gagner du temps et de l’argent bien sûr, mais surtout pour la fierté de suivre les produits, de la traite du lait jusqu’à la vente.

Le goût du patrimoine

Pour Deirdre et Gabriel le patrimoine n’est pas un vain mot. Leur fromage à griller a pris le nom de l’ancêtre acadien de Deirdre, Alexis Doiron,  et le fromage affiné celui de Patrick Mercier,  grand-père fromager de Gabriel. La laine des moutons, filée localement, est vendue dans leur petite boutique, à la ferme.

Enfin, tous deux croient fermement à la promotion du terroir de l’île du Prince Édouard et à son patrimoine. Ainsi, l’été, ils offrent aux visiteurs une expérience intéressante qui s’intitule « Loom, Lamb and Lobster » (qui peut se traduire par « Tricot, agneau, homard »). Le touriste se rend d’abord près de chez eux chez une artisane qui leur montre comment tricoter un foulard avec la laine de leurs moutons, puis il visite la ferme avant de terminer son parcours dans un restaurant local pour déguster homard… et fromage, bien sûr.

De tels partenariats sont gagnants pour tout le monde, explique Gabriel qui se promet bien d’imaginer d’autres initiatives du genre avec les restaurateurs, artisans, fermiers et entreprises locales.

Françoise Enguehard

Native de Saint-Pierre et Miquelon, Françoise est établie à Saint-Jean de Terre-Neuve depuis plus de quarante ans. Journaliste (anciennement à Radio-Canada, aujourd’hui chroniqueuse pour l’Acadie Nouvelle) , auteure reconnue, bénévole de la communauté francophone de l’Atlantique (Présidente de la Société Nationale de l’Acadie de 2006 à 2012 et de la Fondation Nationale de l’Acadie depuis 2014), elle connaît intimement la région de l’Heure de l’Est, ses gens et les défis qu’ils relèvent au quotidien. Femme d’affaires, elle dirige VIVAT Communications, une firme spécialisée dans la traduction et les communications.

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