Il était une fois 5 jeunes acadiens et acadiennes, originaires du Nouveau-Brunswick, qui partirent de chez eux pour aller poursuivre leurs études ailleurs au pays. Une fois rendus là-bas, ils se sont posés une question que la plupart des déracinés se posent un jour ou l’autre: Comment continuer à contribuer à notre chez nous quand on n’y vit plus?
Marie-Hélène Eddie, Julien Abord-Babin, Justin Dupuis, Gilbert McLaughlin et Luc Léger ont répondu à cette question, il y a 5 ans de cela, en lançant le magazine en ligne (ils l’appelent webzine) Astheure
Astheure: adv. Parfois relevé sous la graphie asteur. Général: à cette heure, maintenant, désormais. Répartition géographique: Partout en Acadie et au Québec (sauf les îles Saint-Pierre et Miquelon). Y. Cormier “Dictionnaire du français acadien”, Fides, 1999
C’était une évidence
À chacun sa façon de s’impliquer: pour certains c’est par le biais de l’histoire, de la généalogie, des collections de photos anciennes ou de timbres, ou comme nous le faisons à l’Heure de l’Est en créant du lien entre les gens de notre région.
Dans le cas de ces jeunes, tout les prédestinait à créer un magazine: certains avaient déjà travaillé comme journalistes, d’autres entreprenaient un doctorat en sociologie, tous baignaient dans les médias, les communications et les sciences politiques, comme Obélix dans la potion. Alors, de là à prendre ces intérêts et à les appliquer (et je les cite!) “à une nouvelle plateforme participant à susciter des débats, brasser de nouvelles idées, et complémenter l’offre d’information médiatique déjà bien établie en Acadie,” il n’y avait qu’un tout petit pas à franchir.
Nos 5 amis avaient fait deux constats: 1) Que les médias acadiens ne faisaient pas assez de place aux grands débats d’idées de notre temps, (un constat qu’on peut se faire, d’ailleurs, où qu’on vive dans le monde), et, 2) que ce n’est pas parce qu’on est hors de son coin de pays qu’on ne peut pas continuer à participer à son développement.
À l’oeuvre!
L’équipe s’est mise au travail en rédigeant d’abord des textes sur toutes sortes de sujets: le féminisme, l’environnement, l’appartenance, l’identité, par exemple, tout en encourageant les lecteurs à contribuer des textes. Un vrai forum de discussion est ainsi né qui alimente une saine réflexion sur les questions de l’heure. Parfois l’équipe sollicite un texte sur un sujet donné, mais la plupart du temps elle publie les textes qu’elle reçoit, environ deux textes par semaine.
L’équipe des débuts existe toujours; elle forme le comité éditorial qui révise les textes soumis à Astheure, continue à écrire de temps à autres et réfléchit surtout à l’avenir du magazine. Tout cela, il faut prendre la peine de le préciser, sans gagner un sou (en en perdant même puisqu’il faut bien assurer les dépenses minimales) et en jonglant avec un travail à temps plein ou des études doctorales qui ne sont pas reposantes non plus.
“C’est un projet qui avance lentement, mais solidement” me confie Marie-Hélène Eddie en ce jour d’anniversaire. En 5 ans d’existence, le magazine s’est taillé une belle réputation dans le monde des médias acadiens et il prend un essor intéressant.
Répondre aux besoins
En 2014, le magazine s’est ouvert à la critique artistique, un volet géré par d’autres personnes-ressources. Dans un premier temps, ce volet ne s’intéressait qu’à l’art en Acadie mais il s’ouvre aujourd’hui à toute la francophonie canadienne.
En 2015, une série de conférence nommée Points de Mire sur l’Acadie battait de l’aile à Ottawa. Astheure l’a reprise et organise 4 ou 5 conférences par an dans la capitale canadienne. Pour toucher plus de gens, les conférences sont retransmises en direct sur Facebook Live, une autre avancée importante.
C’est dire que les créateurs du magazine voient loin, très loin même. En 2016 Astheure lance en effet un nouveau volet intitulé la Filière Louisiane, une collaboration avec l’Université Sainte-Anne, de Nouvelle-Écosse, pour “mieux faire connaitre les enjeux culturels de la Louisiane francophone et favoriser le dialogue entre Acadiens et Louisianais.”
Longue vie!
Bref, Marie-Hélène, Luc, Julien, Justin et Gilbert ont encore bien des idées à développer. Pour cela, ils aimeraient avoir un nouveau site internet et, comme dit Marie-Hélène, “développer Astheure un petit peu plus vite.” Ils lanceront donc bientôt une campagne de financement, mais l’équipe des débuts continuera à travailler gratuitement, pour la bonne cause. C’est tout le bonheur qu’on leur souhaite!