Il ne manque pas d’organismes bénévoles, dans la Péninsule Acadienne au Nouveau-Brunswick et partout ailleurs, qui se consacrent à la valorisation de l’histoire, de la culture et du Patrimoine. Prenez par exemple la bibliographie de Saint-Pierre et Miquelon dont nous vous parlions récemment.
Mais, depuis plusieurs années maintenant, grâce à une politique culturelle à l’intention des municipalités, nombreuses sont les mairies qui s’investissent directement, elles aussi, dans la culture.
Notre fidèle collaborateur, Philippe Basque, nous en présente un exemple bien intéressant qui pourrait aisément être mis en place ailleurs dans notre région.
Patrimoine Shippagan
Depuis 6 ans, Patrimoine Shippagan déploie de grands efforts pour promouvoir le patrimoine de sa ville et de ses environs. Le groupe organise, avec la collaboration de la municipalité, toutes sortes d’activités.
En plus de placer régulièrement du contenu sur sa page Facebook, le groupe a réalisé cinq capsules portant sur l’histoire de la communauté qui sont disponibles sur le site Web de Shippagan.
Plus tôt cette année, durant la semaine du patrimoine, le groupe a organisé un concours destiné au grand public qui posait quotidiennement une question sur l’histoire locale. Les gagnants remportaient des prix provenant des commerces de Shippagan.
À vos bibliothèques!
Mais l’un des projets les plus originaux de Patrimoine Shippagan cible les livres rares qui se trouvent dans les collections privées et dans les bibliothèques des habitants de la région.
Pour ceux et celles qui (comme moi!) aiment lire, un livre c’est un compagnon de voyage, de sorties à la plage ou de journées pluvieuses.
Nous les conservons précieusement et développons parfois une passion de collectionneur.
Faire l’inventaire
C’est comme ça, qu’en 2018, un groupe de passionnés du livre a commencé à mettre sur pied un inventaire des livres rares de Shippagan et de la Péninsule acadienne. On vise également une chronique inspirée des livres qui seront soumis.
On trouvait que c’était important de faire connaître aux gens ce qu’il y a de précieux parfois dans les collections privées de livres. (Lucie Mallet, une des instigatrices de ce projet)
On demande donc à toutes les personnes possédant un livre rare ou un livre très ancien en lien avec l’histoire de la Péninsule acadienne, et notamment celle de Shippagan, de remplir un formulaire avec les informations de base des livres comme le titre, l’auteur, l’année de publication, le nombre de la page et l’éditeur.
Mais on veut surtout connaître l’histoire du livre, si le collectionneur ou son propriétaire la connaît, et la raison pour laquelle ce livre est important pour l’histoire de la région. Qu’est-ce qui fait que ce livre est rare au fond.
Quelques exemples
Parmi ceux qui ont partagé quelques-uns de leurs liv rares, on retrouve Fidèle Thériault de Caraquet. L’un des titres qu’il a soumis est un ouvrage court de 26 pages relié de façon artisanale. « Un manuel de renseignements » a été publié, en 1956, par l’Association des instituteurs acadiens (AIA). Selon monsieur Thériault, peu de copies auraient survécu jusqu’à aujourd’hui.
Un autre des livres soumis par Fidèle Thériault a été publié, en 1852, par un certain J. B Martin, chez Guyot Frères – Lyon-Paris. Ce livre, intitulé « Recueil d’instructions pour la première communion » contient les démarches que doit entreprendre un prêtre pour préparer les enfants à leur première communion.
Ce livre est unique car il s’agit du livre numéro 104 de la bibliothèque personnelle de Mgr Théophile Allard, curé de Caraquet et fondateur du collège Sacré-Cœur de Caraquet. Très peu de livres connus existent encore de sa bibliothèque.
Votre humble serviteur a aussi soumis quelques titres à l’inventaire.
Le plus particulier est sûrement « La France aux colonies – Les Français en Amériques, Acadiens et Canadiens », publié en 1859 par Rameau de St-Père.
Le livre en soi n’est pas tellement rare, mais à la première page on aperçoit la signature « Pascal Poirier, Ottawa, 5 juin 1892 ». Est-ce vraiment LE Pascal Poirier de Shediac, premier sénateur acadien?
Ce livre faisait partie de la bibliothèque de l’Université du Sacré-Cœur de Bathurst. Comment a-t-il fait pour atterrir à Bathurst? Je ne le sais pas encore.
Une richesse historique
Un autre petit ouvrage intéressant s’est retrouvé entre les mains de Charles-Eugène Duclos. Il s’agit du manuel des premiers secours aux blessés publié par l’Association Ambulance Saint-Jean en 1938, 39e édition de langue anglaise, 5e édition de langue française.
Il ne s’agit peut-être pas d’un livre rare, mais son histoire le rend unique puisqu’il est lié à l’enseignement à Saint-Isidore.
La première propriétaire du livre était Jacqueline Cool-Colette, directrice de l’École Régionale de Saint-Isidore, en 1946, alors qu’elle avait seulement 19 ans! Il se peut bien qu’elle ait été la plus jeune directrice d’une école secondaire en Acadie.
Ce livre est passé éventuellement dans les mains d’un de ses prédécesseurs, Norbert Sivret, qui l’a offert à monsieur Duclos. À la première page, on voit d’ailleurs la signature de madame Cool. La provenance et l’histoire de ce livre augmente sa valeur patrimoniale.
Un bel avenir
Le projet d’inventaire des livres rares continue et on espère que les gens vont apporter ou soumettre un titre. Pour l’instant, une dizaine de titres sont inventoriés.
Lucie Mallet, ainsi que Mélanie Power, sont toujours à la tâche poursuivant leur travail et espérant faire d’autres découvertes.
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