Fin novembre dernier, j’ai découvert une forme d’expression artistique que je ne connaissais pas du tout: le Slam-Poésie. Oui, oui, c’est un tout, une forme d’expression à part entière qui a la particularité de donner une voix à des personnes que rien ne destine à monter sur les planches.
C’est à Moncton que c’est arrivé, dans le cadre de la deuxième édition du Festival international de Slam/Poésie en Acadie, présenté par le Conseil provincial des sociétés culturelles du Nouveau-Brunswick, le CPSC, comme on l’appelle communément. Pour référence, le CPSC est un partenaire de longue date de Miquelon-Culture-Patrimoine pour ses activités théâtrales et, bien sûr, pour ses ateliers de grosses têtes dans le cadre des Célébrations de 2016.
C’est d’ailleurs quelques grosses têtes qui accueillaient les participants venus d’un peu partout au Canada, de Belgique où le slam-poésie marche très fort, de Martinique et du Burkina Faso, entre autres. Une joyeuse équipe!
Le slam-poésie expliqué simplement
Je pourrais vous faire l’explication par écrit, mais je préfère de loin l’explication orale de Lisette Lombé, une pro de cette forme d’expression au sein du Collectif L-SLAM à Liège en Belgique. Elle était présente au festival à Moncton pour nous offrir quelques-unes de ces compositions et pour animer des ateliers:
Au service de la parole
Lisette s’empresse de préciser que le slam-poésie ne constitue ni de la thérapie de groupe ni de l’art-thérapie, comme c’est le cas du collage dont nous vous parlions il y a quelques temps avec Les Petits Papiers, de Caraquet.
Quoique! L’association L-SLAM, on donne aussi des ateliers d’écriture slam à certains groupes marginalisés, femmes victimes de violence conjugale en centres d’accueil ou à personnes vivant dans des institutions de santé mentale. Dans ce cas-là, les participant ne se rendent pas toujours jusqu’à une scène de Slam-Poésie mais, comme le souligne Lisette, ” c’est là que naissent des textes qui ne sortiraient pas autrement.”
Le Slam-Poésie, c’est d’abord et avant tout, une expression orale démocratique. Chacun, peu importe sa vie et ses circonstances, peut décider de s’exprimer ainsi, en public, du moment que les simples règles du genre sont respectées, d’où la jolie formule donnée à un des nombreux spectacles du festival: Slam pour un quidam!
Au milieu d’un public attentif mais ravi, j’ai écouté les diverses performances et ce qui fascine c’est la variété des sujets abordés dans une soirée de une heure trente avec une nouvelle prise de parole toutes les 3 minutes!
Tous les monologues sont extrêmement personnels voire intimistes: On y crie son plaidoyer pour l’environnement, son indignation et sa peur face à la violence envers les femmes autochtones, l’insécurité, la discrimination ou le racisme. C’est à ce moment-là que j’ai vraiment pris conscience qu’il n’y a pas d’endroits, dans nos sociétés, où exprimer et partager sa douleur de vivre ou ses problèmes et donc que ces spectacles de Slam-Poésie jouent un rôle important.
Pour autant, n’allez pas croire que ce type d’expression est lourd. Bien au contraire, plusieurs des monologues étaient très drôles, par goût des histoires cocasses, des mots, de la rime et de la langue française. La slameuse bretonne, Pauline Guillerm, nous en a fait la preuve éclatante.
Ce qui est certain, c’est que comme on ne sait jamais ce que la personne sur scène va déclamer, la surprise est totale tout au long du spectacle.
Un médium libérateur
Marie-Thérèse Landry, directrice générale du CPSC, se réjouit de cette seconde édition du festival qu’elle a créé de toutes pièces et qu’elle veut voir s’épanouir au fil du temps.
Selon elle, le Slam-Poésie a le potentiel d’ajouter beaucoup au “vivre ensemble” et à l’inclusion. D’ailleurs elle espère voir bientôt la création d’un collectif de slam-poésie à Moncton. “L’intérêt est là,” affirme-t-elle. Cela me semble évident. Durant tout le festival, le public a répondu présent, un public de tous les âges et en tout genre: des artistes professionnels, quelques citoyennes à la retraite et amoureuses des mots, des jeunes et moins jeunes.
Je vais vous le dire franchement, ça m’a bien tenté! La prochaine fois peut-être.
En attendant, voici le témoignage de Rhéal Leblanc, membre de la nation Innu du Labrador et qui participait au festival pour la toute première fois.