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L’église historique de Barachois voit loin ! Pour les bénévoles de ce centre culturel de la banlieue de Moncton, le bicentenaire de leur église acadienne est un événement qu’il faudra célébrer en grandes pompes ! Vous avez le temps de vous organiser pour y être, cet anniversaire est en … 2026. Seulement, c’est cette année que le Sud-Est du Nouveau-Brunswick va être sous les feux des projecteurs grâce au Congrès Mondial Acadien d’août 2019. Alors c’est maintenant qu’on prépare l’opération “200 coussins pour mon 200ème anniversaire”. Une opération de communication rondement menée sur fond de patrimoine et d’artisanat traditionnel.

Le tapis hooké : l’art populaire devient de l’art (tout court)

Tapis hooké, houqué ou tapis crocheté,

crochets de hooking

Les outils de la hookeuse
Photo Rémi Lévesque

Le tricot, la couture, le crochet, la broderie … vous connaissez.

Mais êtes-vous familier avec le cousin canadien de ces activités manuelles : le tapis hooké ? (hooked rug en anglais).

Cet artisanat populaire était traditionnellement le passe-temps des femmes pauvres des Maritimes :

  • de la toile de jute sur un cadre de bois
  • des bandes de tissus découpées dans de vieux vêtements
  • des brins de laine récupérée
  • un crochet

et voilà de quoi faire un tapis qui viendra donner un peu de confort à la maison.

À une époque où la récupération fait force de loi et où les femmes ont plus de temps à consacrer aux loisirs créatifs le tapis hooké a conquis ses lettres de noblesse : on ne parle plus d’artisanat populaire mais plutôt d’art textile. Les photos qui illustrent cet article devraient vous en convaincre ! Certaines réalisations laissent bouche bée !

Un exemple de coussin hooké

Le coussin de Nancy Doucet :
Le Pont de la Confédération qui relie le Nouveau-Brunswick à l’Île-du-Prince-Édouard Photo Rémi Lévesque

Une exposition de tapis hooké … sur des bancs d’église

Alors que Rémi Lévesque, l’un des bénévoles très engagés de l’équipe de l’Église Historique de Barachois faisait des photos de la salle de spectacle depuis les tribunes, une idée lumineuse lui est apparue :

“J’ai pris une photo des bancs vus du dessus. Il y avait tout plein de coussins, et moi qui suis un passionné de tapis hooké je me suis dit “Et si on transformait ces coussins en oeuvre d’art ?”

Il faut vous dire que la salle de spectacle de l’Eglise Historique de Barachois a gardé les bancs de messe qui équipaient l’église du temps où elle était une “vraie” église. Les nombreux spectacles qui s’y jouent durent plus longtemps qu’une messe et le bois des bancs d’église, ça a son charme mais à petites doses ! Aussi, depuis plus de 35 ans, les habitués viennent avec leurs coussins pour jouir d’une assise confortable et apprécier les spectacles sans désagréments. Il y a aussi des coussins mis à disposition pour les gens qui n’en auraient pas apporté.

D’où l’idée de Rémi, soutenu par l’association de Shediac Les Hookeuses du Bor’de’lo et par les Matter Rugs hookers de l’Île-du-Prince-Édouard : pourvoir ces bancs de dizaines de coussins fabriqués selon la technique du tapis hooké.

 

200 ans, 200 coussins. Une farandole de couleurs et de motifs.

Des coussins comme des cartes postales

Et c’est là que ça devient excitant pour les organisateurs ! C’est un véritable engouement dans le petit monde du hookage. De l’aveu de Rémi, qui s’y connait de plus en plus, il existe un univers underground consacré au hookage. Un monde qu’on ne soupçonne pas : La “hookosphère” !

  • Des hordes de hookeuses,
  • organisées en associations,
  • s’organisant des Hook’in pour pratiquer ensemble
  • différents styles de hookage,
  • des échanges commerciaux conséquents pour se procurer les matières premières etc etc.

Vous n’aviez jamais pensé que ça pouvait être si important ? !!! C’est une révélation ! (Merci Pinterest aussi surement, un petit peu !)

Dès le lancement de “l’appel à coussin” les hookeuses se sont mobilisées et on sait maintenant que 242 coussins sont attendus. Date limite : le 1er avril 2019.

“Le thème est libre, les gens ont le choix du motif et des couleurs. Non seulement on voyage à travers les Maritimes, mais on a aussi des coussins de 25 états américains, d’Écosse, d’Angleterre et même un coussin des Émirats-Arabes-Unis. Ils ont des motifs vraiment propres à l’endroit où vit la hookeuse : les Grandes Plaines des Prairies, les arbres de Colombie Britannique, les symboles de l’Etat du Maryland. Ce sont de vraies cartes postales ! Tous répondent à un petit cahier des charges sur les dimensions attendues. C’est nous qui payons les frais postaux” explique Rémi.

C’est sûr et certain, les 200 coussins attendus pour l’exposition au moment du Congrès Mondial Acadien seront là !

C’est même une exposition qui va voyager : du 9 au 15 septembre les coussins hookés seront accompagnés par des couvertures piquées dans une exposition qui se tiendra à l’église Kirk Saint-James, à Charlottetown, à l’Île-du-Prince-Édouard, pour le plus grand plaisir des hookeuses de Matter rugs hookers qui suivent activement tout le projet

4 hookeuses avec leur coussin hooké en cours de réalisation

Les hookeuses de Grande-Digue : Carmen Comeau Anderson, Jeanne Maddix, Nicole Cormier et Jacynthe Boudreau.
Photo : Rémi Lévesque

La deuxième vie (trépidante) d’une ancienne église acadienne

Le recyclage patrimonial

Il est beaucoup question de recyclage dans tout ça, finalement !

On vous en a déjà parlé dans l’Heure de l’Est, les églises en bois acadiennes sont des petits bijoux précieux qu’il faut absolument préserver. On vous a présenté la très belle église de Palmer Road à l’Île-du-Prince-Édouard et Notre-Dame des Ardillers à Miquelon, deux trésors patrimoniaux.

L’église historique de Barachois est elle-même un bel exemple de ce que peuvent obtenir des gens quand ils se mettent ensemble et qu’ils sont têtus … et entendus ! Inaugurée en 1826, l’église Saint-Henri de Barachois a bien failli être abattue dans les années 80. Trop vétuste, elle était sur le point de connaitre le même triste sort que les anciennes églises de Shédiac, Cap-Pelé et Cocagne.

Grâce à beaucoup de volonté, de ténacité et à de nombreuses collectes de fonds ( pour un total de 175 000 $ !), l’église a été “recyclée” en centre culturel. Depuis 1981, elle dispose :

  • d’un musée (au jubé, c’est à dire, “à l’étage”)
  • d’une galerie d’art (dans la sacristie)
  • d’une salle de spectacle (dans la nef)

 

 

Des spectacles et un festival de musique classique, dans la Salle Viola-Léger

Groupe des jeunes participants de l'Académie de l'été musical de Barachois

L’Académie de l’Été Musical de Barachois
Photo Été Musical de Barachois

Une institution au Sud-Ouest du Nouveau-Brunswick : le Festival “L’été musical de Barachois”. Il en sera à sa 39ème édition en 2019 !

C’est un événement artistique majeur dans la région. En plus d’une série de spectacles avec des musiciens canadiens et du monde entier le festival organise aussi une Académie pour les jeunes chanteurs lyriques et les jeunes pianistes. Ils peuvent ainsi apprendre auprès des professionnels aguerris et progresser dans leur art.

La programmation pour 2019 n’est pas encore sortie elle sera disponible au printemps. Le festival se tient au mois de juin. En 2020 ça sera l’année du 40ème ! …

 

 

Une exposition permanente, dans le Musée Mgr Camille-André Leblanc

Musee de l'église historique de Barachois

Le Musée Camille-André Leblanc Photo Rémi Lévesque

 

  • Une importante collection de vêtements sacerdotaux,
  • des statues de saints
  • des objets du culte,

Cette exposition est un bel exemple de la richesse du patrimoine religieux acadien.

Une programmation culturelle dynamique dans la galerie Léon-Léger

Un vernissage à la Galerie Léon-Leger.
Photo : EHB

Des lancements de livres, un festival de percussions, des soirées voyage, des spectacles de cabaret … la programmation n’a pas de limite et grâce à elle, l’Église Historique de Barachois joue à plein son rôle de centre culturel au service des artistes de la région.

Un grand coup de chapeau à cette équipe de bénévoles ultra inventifs !

 

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Patricia Detcheverry

Après 10 ans en régie publicitaire, je me suis lancée dans l'hôtellerie et j'ai vécu (encore) 10 ans au rythme des saisons touristiques. Freelance depuis 2017 j'allie mon regard de femme de l'Atlantique et mes compétences en communication pour faire connaitre ma région. Ce que j'aime par dessus tout ? Faire découvrir les petits endroits paumés où personne ne va, les petites routes ignorées, les bouts du monde et les gens, toujours les gens !

3 Comments

  • Gilles POTIER dit :

    Bien content d’avoir découvert cette “ancienne” église de Barachois.
    Un grand coup de “coussin” , je voulais dire de “chapeau” , aux bénévoles pour la “reconversion” réussie de l’église.

  • Poirier Rachelle dit :

    Très bel article, J’ai hate de voir l’exposition.
    Petite precision ça se trouve au sud-est du NB et non au sud-ouest.

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