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La valeur d’un musée, peu importe sa taille, réside dans la qualité de ses expositions. Mais dans de petites communautés, surtout les communautés minoritaires, comme chez les Acadiens et francophones de l’Île-du-Prince-Édouard, un musée c’est aussi (et même surtout!) le dépositaire officiel d’une mémoire collective, de ses archives de famille et de ses greniers. La preuve, avec le Musée acadien de l’Île-du-Prince-Édouard situé dans le petit village de Miscouche.

Musée acadien

Angèle Arsenault reçoit la médaile Léger-Comeau au musée de Miscouche – 2009

Je ne compte plus les fois où je suis allée au Musée acadien à Miscouche! J’y suis allée en touriste et dans mes fonctions officielles de Présidente de la Société Nationale de l’Acadie.

C’est là que j’ai remis la Médaille Léger-Comeau à notre chère et regrettée Angèle Arsenault, comme en atteste la photo ci-contre!

Parfois, je suis allée y écouter des conférences sur les Acadiens de l’Île (en français et en anglais). J’y ai assisté à des activités culturelles et admiré des expositions temporaires, plusieurs imaginées et réalisées par ou grâce à mon ami de (très) longue date, l’historien Georges Arsenault.

C’est que les musées, ces jours-ci, servent très souvent de lieu de rassemblement au même titre d’ailleurs que les églises.

D’ailleurs, ça tombe bien, le musée acadien est juste à côté de la majestueuse église du village de Miscouche, superbement restaurée et repeinte grâce au père Albin Arsenault. C’est lui qui s’est ensuite consacré à la rénovation de celle de Palmer Road.

 

Des débuts bien modestes

Comme tant d’autres initiatives dans notre région (comme pour le Musée de la mer des Îles de la Madeleine),  ici aussi ce sont des bénévoles qui ont donné naissance au musée en créant l’Association du musée acadien Inc, association à but non lucratif (“Loi 1901”, pour nos lecteurs et lectrices de France).

musée acadien

Le musée acadien aujourd’hui

Dans un premier bâtiment en bois, construit dès 1964, sont venus se réfugier les souvenirs et artefacts des Acadiens de l’Île. Très vite, il fallut envisager d’agrandir puis, en juillet 1991, ce fut l’ouverture de l’édifice actuel.

L’objectif du musée est à la fois simple et terriblement important:

Le patrimoine étant une source importante d’identité pour un peuple vivant en situation minoritaire, le Musée acadien de l’Île-du-Prince-Édouard vise à susciter une plus grande prise de conscience et de fierté chez les Acadiens de l’Île envers leur histoire, leur culture et leur langue française. Le Musée acadien de l’Île-du-Prince-Édouard contribue ainsi à la survie et à l’épanouissement de la collectivité acadienne de l’Île-du-Prince-Édouard

En 1996, le Musée acadien était reconnu comme un des sept sites du réseau provincial Musée et patrimoine Île-du-Prince-Édouard.  Son avenir assuré, l’Association se retira alors des opérations tout en continuant à contribuer à la programmation des activités. Et, bien entendu, elle gère un des joyaux du musée: le Centre de recherche acadien.

Préserver le patrimoine

La population acadienne et francophone a tout de suite compris l’importance de confier à cette institution ses souvenirs de famille, toutes ces choses, précieuses ou pas, qui illustrent l’histoire, la petite comme la grande, et le quotidien. Il n’est donc pas étonnant que le musée ait très vite manqué d’espace et qu’aujourd’hui le nouveau bâtiment ne suffise plus à la tâche.

Lorsque la directrice actuelle, Rachel Lapointe, nous a ouvert les portes de la réserve, on a été un peu soufflées Patricia et moi!!

musée acadien

Dans les réserves

Il y a de tout, comme vous pouvez le voir: du nécessaire de toilette au casier à homard. Clairement, les gens ont le réflexe de léguer leurs vieilles choses au musée. Ce n’est pas toujours le cas…

Tout est rangé le mieux possible, sur des étagères et, dans le cas des textiles dans de grands tiroirs prévus pour leur conservation. Des déshumidificateurs et des thermostats permettent de contrôler l’atmosphère dans cette “caverne d’Ali-Baba” pour éviter que les biens ne continuent à se détériorer.

 

musée acadien

La réserve

Le processus d’archive n’est pas terminé, de loin s’en faut, puisque chaque jour ou presque arrivent de nouveaux objets. Petit à petit nous explique Rachel, chaque artefact sera documenté, identifié et classé électroniquement. C’est un travail colossal.

Interpréter le patrimoine

musée acadien à Miscouche

exposition temporaire “Jouons ensemble”

Musée acadien Miscouche

Robe de baptême

Au moment de notre visite, l’exposition “Les enfants acadiens de l’Île, 1900 – 1965” était encore en montre.

Il s’agissait d’une exposition,  principalement  photographique, agrémentée par des objets choisis dans la collection du musée.

Pour toute exposition, explique Rachel, “le premier réflexe est d’aller vérifier ce qu’on a en réserve avant de chercher des objets ailleurs dans la communauté ou dans d’autres musées acadiens de la région.”

C’est ainsi que berceaux, chaises pour enfant, fauteuils berceurs, poupées, nounours, jeux étaient sortis de l’obscurité et de l’anonymat de la réserve. Ils paradaient dans l’exposition, ravivant au passage les souvenirs de chacun, comme cette robe de baptême confectionnée dans une robe de mariée, celle de la maman sans doute.

Célébrer et expliquer l’Histoire

musée acadien

Exposition permanente

Parallèlement aux expositions temporaires, le Musée acadien de l’Île-du-Prince-Édouard a également à cœur de célébrer et d’expliquer l’histoire acadienne. Elle le fait dans les deux langues officielles avec une exposition permanente dynamique, dont une partie a été refaite il y a peu. Voici de quoi s’initier à l’histoire locale mais aussi à celle de la Grande Acadie. Un film explicatif est aussi présenté aux visiteurs (en français ou en anglais, c’est au choix).

Miscouche, il faut le savoir, a joué un rôle déterminant dans l’histoire acadienne, comme le prouvent les peintures de l’artiste Claude Picard , qui sont en montre dans la salle qui porte son nom et qui illustrent la genèse des symboles nationaux acadiens, entre 1881 et 2001.

Si vous voulez en savoir plus, vous n’aurez pas loin à chercher. Dans le hall d’entrée se trouve une petite boutique avec une grande sélection de livres consacrés à l’histoire locale!

Mieux connaître son histoire personnelle

Les Acadiens, c’est bien connu, sont de grands spécialistes et amateurs de la généalogie. Le Musée abrite donc “le Centre de recherche acadien de l’Île-du-Prince-Édouard”, géré par l’Association du musée acadien. C’est cette association qui, en l’an 2000, a  mis sur pied un sous-comité pour créer le Comité historique Soeur Antoinette DesRoches. Le comité se dédie à “la promotion, la recherche et la diffusion de l’histoire acadienne, ainsi que la protection du patrimoine acadien”. Ici, tout se tient.

En Acadie, décliner son ascendance pourrait s’apparenter à un sport national! Alors,  pour 10$, vous pourriez acquérir cet arbre vous permettant de redescendre jusqu’à vos deux premiers ancêtres!!  À réserver aux généalogistes les plus sérieux…

À gauche le vôtre en devenir, à droite un arbre dûment rempli.

 

musée acadien Miscouche

Arbre généalogique

Mais, rassurez-vous, le centre offre des manières plus modestes de se documenter. Il collabore avec d’autres institutions similaires, comme le Centre de recherche du musée des Acadiens de Pubnico en Nouvelle-Écosse.

Une réserve abrite les archives personnelles et publiques de l’Acadie de l’Île-du-Prince-Édouard qui s’alimente régulièrement de fonds familiaux.

musée acadien

Le Centre de recherche acadien de l’ÎPÉ

Et voilà qu’arrive le tricentenaire…

L’année 2020 pourrait bien être le moment idéal pour visiter le musée et les régions acadiennes de l’Île. En effet, 2020 marque le tricentenaire de la fondation de la colonie de l’Île Saint-Jean (ancien nom de l’Île), donc de la présence acadienne et française dans cette province.

Une nouvelle exposition temporaire est en préparation, les Causeries du mardi reprendront de plus belle et une journée sera consacrée à l’histoire de la grande famille Bernard de l’Île-du-Prince-Édouard. Nul doute que  le Musée acadien de l’Île-du-Prince-Édouard sera le centre névralgique de cet anniversaire.

 

 

 

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Françoise Enguehard

Native de Saint-Pierre et Miquelon, Françoise est établie à Saint-Jean de Terre-Neuve depuis plus de quarante ans. Journaliste (anciennement à Radio-Canada, aujourd’hui chroniqueuse pour l’Acadie Nouvelle) , auteure reconnue, bénévole de la communauté francophone de l’Atlantique (Présidente de la Société Nationale de l’Acadie de 2006 à 2012 et de la Fondation Nationale de l’Acadie depuis 2014), elle connaît intimement la région de l’Heure de l’Est, ses gens et les défis qu’ils relèvent au quotidien. Femme d’affaires, elle dirige VIVAT Communications, une firme spécialisée dans la traduction et les communications.

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